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Amélie Boukhobza, psychologue clinicienne, constate “une très inquiétante poussée de l’idéologie radicale”. Elle estime également que la “déradicalisation” est le plus souvent impossible. Elle travaille pour l’association Entr’Autres, qui gère la «déradicalisation» organisée par l’État.

L’attentat a eu lieu à Nice. Cela ne vous étonne-t-il pas ?

Absolument pas. La région compte énormément de cas de radicalisation suivis par la cellule préfectorale. Nous faisons aussi partie des départements qui fournissent le plus grand nombre de départs en Syrie, sans compter ceux qui ne sont pas repérés. Pendant un an, nous nous sommes concentrés sur les cas que l’on considérait comme prioritairement dangereux, ceux des jeunes passés par la Syrie. On voit bien aujourd’hui que cette donnée n’est plus un indicateur pertinent. Pour Orlando comme pour Nice, les auteurs n’ont, semble-t-il, jamais mis un pied là-bas.

Cette attaque terroriste risque-t-elle de créer de nouvelles vocations ?

Assurément. On assiste en ce moment à une très inquiétante poussée de l’idéologie radicale, qu’elle soit politique ou religieuse. Je le mesure chaque jour dans les maisons de quartier et auprès des missions locales. Mohamed Merah était la principale figure d’identification jusqu’à cette année. Aujourd’hui, il « partage l’affiche » dans le coeur des jeunes radicaux avec cette nouvelle génération de terroristes apparue au Bataclan. Il y a eu un basculement très net au lendemain du 13 novembre 2015. […]

Y a-t-il une « déradicalisation » possible ?

Tous me disent que la vie commence après la mort et que leur but, c’est le paradis. « La vie d’ici vaut 20 % et celle d’après, 80 % », répètent-ils en boucle. Ils nous disent qu’ils aiment la mort « bien plus que la vie » et nous expliquent que tous leurs actes sont menés au nom du bien, pour nettoyer ce monde de corruption. […]

On a cru, jusqu’à la revendication de Daech, à l’acte isolé d’un déséquilibré…

C’est vrai que cela aurait été d’une certaine manière soulageant de croire qu’il s’agissait d’un acte isolé, d’un malade qui décompense. Mais foncer dans le tas, dans des familles, des poussettes, des enfants…, cela correspond parfaitement au mode opératoire préconisé par les théoriciens de Daech. […]

Le Point

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