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[…] Drôle de paroissien, si l’on ose dire ; en tout cas ce n’était pas un pilier de mosquée. C’est sa personnalité falote qu’il faut comprendre, c’est cette médiocrité du Mal qu’il faut analyser au lieu de crier au calife comme on crie au loup.

C’est donc un renversement complet de perspective qu’il faut effectuer. La France est en guerre avec l’État islamique, soit, mais ce n’est pas une raison pour tout voir au prisme de cette guerre-là. Au contraire, il faut se demander quels sont les mobiles des terroristes qui lui préexistent. […] Un employé se dispute avec son patron, il commet l’irréparable, il le tue : ce qui autrefois aurait constitué un simple fait divers, tragique certes mais sans importance collective et dont personne n’aurait parlé hors du village où il s’est déroulé, devient une affaire planétaire dès lors que ledit employé a pris soin de beugler «Allahou akbar !» avant d’assener les coups mortels. Ce n’est plus lui, l’assassin, c’est le calife.

À vrai dire, ce renversement de perspective a déjà eu lieu au niveau intellectuel. Dans La Peur de l’islam, Olivier Roy a étudié ces jeunes gens bien français, nés dans des familles chrétiennes, et qu’on retrouve en Syrie ou en Irak, soi-disant «convertis» à l’islam. Dans ces cas, la radicalisation précède la conversion. L’islam n’est qu’un prétexte. Il y a là des rebelles à la recherche d’une cause, des déséquilibrés sous influence et des psychopathes. Il est inutile de se focaliser sur la question religieuse. Ce n’est pas en répétant à ces hébétés qu’il y a un islam pacifique qu’on va les convaincre de quoi que ce soit : autant proposer une tasse de camomille à celui qui réclame de la vodka (l’image est de Roy). Ce n’est pas ce que recherchent ces étranges convertis. Leur cas relève de la psychiatrie, de la police et de la justice. […]

Libération

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