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Article de Guy Standing, Cofondateur du Basic Income Earth Network, professeur d’économie à la School of Oriental and African Studies, université de Londres, sur le prolétariat précaire ou « précariat ».

« Le précariat soutient Donald Trump aux Etats-Unis, Marine Le Pen en France, l’UKIP et l’extrême droite conservatrice en Grande-Bretagne »

A moins de réduire l’insécurité et les inégalités générées par les tendances du marché du travail, le glissement vers des politiques populistes va s’accentuer, en France et ailleurs. Le précariat est anxieux, dépourvu d’objectifs et en colère. A moins qu’on ne lui procure une certaine sécurité économique, qui à mes yeux devrait prendre la forme d’un revenu de base universel, nous nous dirigeons tout droit vers la politique de l’enfer.


Les trois dernières décennies ont vu la construction d’un système de marché mondial dominé par le capital financier et porté par une idéologie néo-libérale animée d’un projet de libéralisation des marchés et de recherche de « compétitivité » nationale.
Durant cette période, deux milliards d’êtres humains ont rejoint, essentiellement dans les pays à bas salaires, le marché mondial du travail, orientant ainsi à la baisse les salaires réels du monde industrialisé.
Les gouvernements ont réagi en s’efforçant de rendre leurs pays plus « compétitifs » et leurs marchés du travail plus flexibles. Les gouvernements français et italien ne sont que les derniers à poursuivre ces politiques. Pourtant, alors qu’ils rendent les emplois plus précaires et les salaires plus variables, ils ne proposent rien en termes de contrepartie, à part brandir l’affirmation non prouvée que les réformes favoriseront l’emploi. […] Aux Etats-Unis, en Allemagne, en France, au Royaume-Uni et ailleurs, les salaires stagnent depuis trois décennies. Globalement, la part de revenu allant au travail s’est réduite tandis que celle qui va au capital s’est accrue. Mais c’est la part revenant aux « rentes » – les revenus des actifs et de la propriété, dont la propriété intellectuelle – qui a le plus augmenté. Nous sommes entrés dans l’ère du « capitalisme de rente ». […] Parallèlement, émerge une nouvelle structure mondiale de classe. A son sommet, on trouve une ploutocratie de milliardaires, secondée par une élite qui perçoit l’essentiel de ses revenus du capital. […] Une nouvelle classe a fait son apparition, le prolétariat précaire, ou « précariat ». Ceux qui appartiennent à cette classe enchaînent les petits boulots temporaires, les stages de formation, les contrats à court terme, les contrats zéro heure, les emplois pseudo-indépendants, etc. Ils ne peuvent enrichir leur vie d’aucun « récit », qu’il soit d’entreprise ou professionnel. […] Le Monde

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