Fdesouche

L’oeuvre qui montre, en prière, les moines français tués en Algérie, devait être un temps installée dans un square de La Guillotière (Lyon 7e). Elle est finalement implantée à la Maison Saint-Irénée (Lyon 5e). Le cardinal Barbarin a dû reculer pour ne fâcher personne.

« Vous imaginez si un déséquilibré avait le malheur de décapiter ces statues ? »

Les arguments de son entourage ont fait mouche. Et le cardinal Barbarin a fini par céder devant la crainte de dégradations. Les sept statues des moines français de Tibhirine, assassinés il y a vingt ans dans des conditions obscures en Algérie, viennent d’être installées dans la cour de la Maison Saint-Irénée (5 e), où siège le nouvel archevêché. Une manoeuvre de repli vers le domaine privé de l’Eglise et un retour à l’idée première qui semblent satisfaire tout le monde en ne fâchant personne… L

Selon nos informations, l’archevêque de Lyon avait changé d’avis en septembre 2015 pour proposer de déployer les sculptures dans un petit square public, sans nom, à l’angle des rues de la Madeleine et de la Grande-Rue de La Guillotière, devant l’église Saint-Louis (ex- place de la Bascule à Lyon 7e). Une façon de rendre hommage aux trappistes qui vivaient parmi les Algériens, auxquels ils apportaient réconfort humain et soutien médical. Le lieu n’était-il pas tout indiqué pour accueillir ces oeuvres d’art dépouillées ? La Guillotière, haut-lieu de l’immigration algérienne, fut aussi celui où certains des moines, popularisés par le film Des hommes et des dieux, usèrent leurs sandales avant de prendre le chemin de l’Atlas.

(…) Le diocèse frôlera l’incident diplomatique avec le consulat d’Algérie. L’inauguration était prévue au printemps 2016, au moment de l’anniversaire de l’enlèvement des moines. Après réflexion, elle sera repoussée pour éviter toute “collision” avec les commémorations de l’indépendance algérienne. Le consul d’Algérie à Lyon a été furieux de ne pas avoir été averti plus tôt de ce projet d’inauguration des statues dans l’espace public (1). Aussi dramatique soit-il, l’assassinat, au total, de 19 religieux français durant la “décennie noire” algérienne des années 1990 (2), ne doit pas, aux yeux du diplomate, occulter la mort d’au moins 150 000 Algérien(ne)s. (…) De plus, certains, dans l’Eglise, redoutaient que l’oeuvre soit perçue comme une provocation par des Lyonnais de confession musulmane, alors qu’une mosquée salafiste se situe dans les environs de l’église Saint-Louis

(…) Son de cloche différent du côté de Gérard Collomb, qui aurait eu le dernier mot : « La Ville avait engagé l’instruction pour l’installation et elle aurait eu lieu si cette décision (changement d’avis , ndlr) du diocèse – que nous respectons – n’était pas intervenue », fait savoir le cabinet du maire (PS) de Lyon. (…)

Le Progrès du 28 juin 2016

Fdesouche sur les réseaux sociaux