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Encore méconnu en France, Phillip Blond, penseur politique et théologien anglican, a été conseiller de David Cameron en 2010, lors de sa première campagne légistlative victorieuse, avant de prendre ses distances avec l’ex-Premier ministre. Théoricien du Red Torysm ou «conservatisme pour les pauvres», il renvoie dos à dos libéralisme économique et culturel, et prône au contraire l’alliance du meilleur de la tradition de droite et de gauche. Bien qu’il se soit positionné en faveur du «Remain», il juge que la campagne pour le maintien dans l’UE, fondée uniquement sur l’intimidation, a été «désastreuse».

«Le vote en faveur du Brexit exprime le plus grand rejet de la mondialisation qu’ait connu dans les urnes le monde occidental. Tous ceux qui culturellement comme financièrement se trouvent en phase avec le nouvel ordre du monde, sont désormais minoritaires dans la société.»

Il ne faut pas oublier que la classe ouvrière britannique est fondamentalement patriotique.

Êtes-vous surpris par la victoire du Brexit? Que révèle-t-elle selon vous ?

Cette victoire n’a pour moi rien d’inattendu ; elle est le résultat de tendances de fond qui affectent différentes couches du peuple britannique. En leur permettant de se fédérer, le référendum a été pour ces groupes l’occasion d’un contrecoup décisif.

Je pense en effet que nous sommes en train de passer d’une société où les deux tiers de la population environ s’estimaient satisfaites de leur sort, à un monde dans lequel ceci n’est plus vrai que pour un tiers de la population. […]

Cette révolte contre la mondialisation ne regroupe pas seulement les catégories sociales les plus défavorisées. On y distingue aussi une population plutôt aisée, composée pour l’essentiel de personnes âgées vivant en province et qui se sentent culturellement menacés par l’immigration.

Cette même population a le sentiment que le système de valeurs qui a historiquement caractérisé l’Angleterre – sans doute l’un des plus influents et des précieux dans le monde – est aujourd’hui remis en cause par l’arrivée d’une population qui lui est indifférente voire dans certains cas, carrément hostile, et que la Grande-Bretagne a abdiqué sa souveraineté face à une puissance étrangère en adhérant à l’Union Européenne.

Dans toutes les enquêtes réalisées sur les déterminants en faveur du vote pour le «Leave», c’est toutefois l’immigration qui figure en tête des préoccupations. Qu’ils soient plutôt aisés ou qu’ils soient au contraire issus d’un milieu modeste, ces électeurs craignent l’islamisation progressive de la Grande-Bretagne par l’immigration.Comme cette opinion ne peut être exprimée publiquement, l’hostilité aux migrants a pris la forme d’une inquiétude plus globale.

Pour les plus pauvres, l’impact de l’immigration était double, l’«ennemi» prenant tout à la fois la forme de l’islam mais aussi l’arrivée massive d’une population issue d’Europe l’Est, plutôt qualifiée et dure à la tâche, qui constituait de de ce fait une menace pour leur emploi et leur accès au marché du travail. Si vous ajoutez à cela le fait que l’Union Européenne est identifiée avec la mondialisation, et donc avec l’insécurité économique et culturelle qui caractérise cette dernière, alors la victoire du Brexit n’est plus une surprise. […]

Le Figaro

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