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Stupeur début juin dans les rangs des pro-européens: pour la première fois, plusieurs sondages donnent le camp du Brexit vainqueur. Comment expliquer ce revirement à quelques semaines du vote, alors que le maintien tenait la corde depuis plusieurs mois? Pour beaucoup, ce changement d’attitude est à mettre en lien avec la publication des derniers chiffres de l’immigration.

Non pas que ces chiffres soient exceptionnels, ils correspondent globalement à la tendance des dernières années. C’est surtout qu’ils arrivent à un moment où le thème de l’immigration est devenu central, si ce n’est omniprésent, dans la campagne du Brexit. Les questions économiques ou politiques sont désormais reléguées au second plan. L’un des derniers sujets en vogue: l’adhésion de la Turquie, qui aurait, selon la droite de la droite, pour conséquences de nouvelles vagues massives d’immigration. Ce mythe turc est particulièrement utilisé par les partisans du départ de l’Europe, quitte à déformer légèrement la réalité ou assimiler la population entière de la Turquie à de potentiels immigrants. La question d’une éventuelle adhésion ne se posera de toute façon pas avant de nombreuses années, tant les démarches sont longues et complexes.

La façon même d’évoquer le sujet est révélatrice: si certaines voix s’élèvent pour montrer les bienfaits de l’immigration (au premier rang desquelles Sadiq Khan, le nouveau maire travailliste de Londres), d’autres comme celle de David Cameron ne traitent de l’immigration qu’en montrant que malgré leur appartenance à l’Europe, la Grande-Bretagne peut encore s’en protéger.

Qu’un parti comme UKIP, dirigé par Nigel Farage, centre son discours sur l’immigration, ce n’est pas très étonnant. C’est le lot commun de beaucoup de partis de droite populiste – et souvent eurosceptiques – à travers l’Europe. Ce qui peut paraître plus surprenant, c’est la façon dont ce thème est devenu incontournable pour tous les autres acteurs politiques. Tous sont appelés à s’exprimer sur le sujet, quitte à en délaisser d’autres qui apporteraient plus de fraîcheur aux débats. Ainsi, le camp favorable au Brexit met en avant le coût de l’immigration, non seulement en prestations sociales, mais aussi en termes de capitaux dépensés par l’Etat, dans les routes ou les écoles. Et d’estimer qu’une sortie de l’Europe permettrait de mettre un terme à cet afflux en reprenant le contrôle de ses frontières.

Mais même le camp pro-maintien s’est engagé sur ce terrain glissant, et de manière assez ambigüe. […]

Le Nouvel Obs

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