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Réputée pour ses efforts en faveur de l’égalité Hommes/Femmes, la Suède est train d’être surprise par un renversement de l’équilibre démographique par genre : Pour la première fois depuis le premier recensement en 1749, il y a maintenant plus d’hommes que de femmes.


Les Suédois ne savent pas trop à quoi s’attendre avec ce surplus de mâles, totalement inhabituel dans le monde occidental où les femmes sont historiquement majoritaires dans pratiquement tous les pays. C’est peut-être le signal de ce qui arrivera en Europe avec les changements dans l’espérance de vie et les transformations démographiques dues aux migrations.
« C’est vraiment un phénomène nouveau pour l’Europe » précise Francesco Billari, démographe de l’université d’Oxford et Président de l’association européenne sur l’étude des populations. « Nous, les chercheurs, n’avons pas vu ce phénomène arrivé ».
Le point de bascule a été atteint en mars de l’année dernière (NDT : 2015) avec une population masculine supérieure de 277 par rapport aux femmes. Cet écart s’est depuis élargi au delà de 12 000. Comme c’est une population relativement petite d’environ 10 millions d’habitants, il n’est pas « déraisonnable » de penser que la Suède aura un très important surplus d’hommes dans le futur, précise Tomas Johasson, démographe de l’agence nationale statistiques (SCB).
En dépit d’un ratio de 105 garçons à la naissance pour 100 filles, les femmes européennes ont toujours dépassé les hommes en nombre, compte tenu de leur espérance de vie plus forte. D’après une analyse d’Associated Press, basée sur les données démographique des pays de l’UE, sur les décennies à venir, les femmes resteront majoritaires dans la plupart des pays européens. Cependant, le nombre d’homme pour 100 femmes, c’est à dire le ratio des sexes, est en train d’augmenter, lentement sur l’ensemble de l’Europe mais rapidement dans plusieurs d’Europe du Nord et d’Europe Centrale.
La Norvège a basculé vers un surplus d’hommes en 2011, quatre ans avant la Suède, tandis que le Danemark et la Suisse sont proches d’un ratio de 100. L’Allemagne qui avait un gros déficit en hommes compte tenu les deux guerres mondiales, a vu son ratio bondir de 87 hommes pour 100 femmes en 1960 à 96 hommes l’an dernier. Sur la même période, le Royaume Uni est passé de 93 à 97 et les projections montrent que les hommes seront majoritaires vers 2050.
Les chercheurs n’ont pas d’idée claire sur ce qui se passe dans une société où la population devient majoritairement masculine.
Toma Sobotka de l’institut de démographie de Vienne (Autriche), pense qu’en théorie, un surplus d’hommes conduirait à une augmentation du « pouvoir de négociation » des femmes en leur accordant plus de choix dans les partenaires masculins. Elles pourraient aussi faire face à un harcèlement beaucoup plus important de la part d’hommes frustrés et bataillant pour une compagne.
Le changement rapide de la Suède vers une majorité d’hommes – que les experts n’ont pas vu venir il y a 10ans – ont déclenché des débats chez des féministes autour de l’impact d’un tel phénomène dans un des pays les plus égalitaire au monde.
Les statisticiens suédois estiment que ce changement est du principalement au rattrapage, par les hommes, sur l’écart d’espérance de vie avec les femmes. Cependant, l’arrivée récente de dizaines de milliers de migrants adolescents non accompagnés par leurs familles, en provenance d’Afghanistan, de Syrie et d’Afrique du Nord a sûrement un impact significatif.
Le plus gros surplus d’hommes en Suède est dans la tranche d’âge 15-19 avec un ratio de 108 hommes pour 100 femmes. Ce déséquilibre pourrait croître jusqu’à 115-100 cette année compte tenu de l’arrivée record de demandeurs d’asile dont plus de 35 000 mineurs non accompagnés.
Valérie Hudson, directrice du programme « Femme, paix et sécurité » de l’université A&M au Texas (USA), pense que les Suédois devraient prendre conscience de ce phénomène, ses recherches ont mis en évidence, en Chine et en Inde, le lien entre des ratios asymétriques et les violences contre les femmes ainsi que le niveau de criminalité.
V. Hudson ajoute que ce qui arrive en Suède « est une des plus grandes altérations démographiques sur une courte période de temps jamais observée dans l’Histoire », précisant en outre, l’ironie de voir la Suède, pays modèle pour les droits des femmes, ne pas accorder plus d’attention à ce phénomène : « Est-ce qu’ils (NDT : les Suédois) réfléchissent aux conséquences sur les acquis des femmes suédoises obtenus sur les 150 dernières années ? ».
D’autres chercheurs féministes ne sont pas d’accord.
« Foutaise » affirme Jacqui True, professeur en relations internationales à l’université de Monash (Australie). Pour J. True, le nombre d’hommes dans la population compte moins que la culture « hyper-masculine », agressive et hiérarchique où les mâles sont privilégiés.
Pour Anick Wibben de l’université de San Francisco, l’égalité des sexes est tellement ancrée dans la société suédoise que les comparaisons avec la Chine et l’Inde où les avortements sélectifs ont conduit à ces déséquilibres démographiques, ne sont pas pertinents : « la façon dont la masculinité fonctionne dans les différentes sociétés, doit être prise en compte ».
En Suède même, il y a peu de débat sur ce nouveau phénomène, probablement compte tenu de sa corrélation avec l’immigration, un sujet éminemment sensible dans les pays nordiques. Asa Regner, ministre de l’Egalité du gouvernement social-démocrate, a refusé par deux fois nos demandes d’interview. Le principal parti d’opposition, un centre-droit modéré, non plus, n’a pas souhaité nous répondre.
Ailleurs en Europe, l’équilibre démographique par genre est stable ou bascule en faveur des femmes y compris l’Italie, l’Espagne ou la Grèce. Globalement pourtant, la proportion d’hommes dans les 28 pays européens augmente lentement selon Eurostat.
L’an dernier dans l’Union Européenne, il y avait 12 millions de femmes en plus comparés aux hommes pour une population juste au dessus de 500 millions. Cet écart doit se réduire « principalement par l’alignement de l’espérance des hommes sur celle des femmes » nous dit Baiba Grandovska d’Eurostat. Beaucoup d’experts s’accordent à penser que les hommes, particulièrement eu Europ de l’Ouest, vivent mieux que les pères, boivent et fument moins et bénéficient de meilleurs traitements médicaux pour le cœur. Dans les pays développés, les hommes ont quitté les mines et d’autres métiers dangereux pour des jobs plus sûrs de cols blancs. Eurostat projette ainsi que l’écart Hommes/Femmes sera en dessous du million vers 2080. Ces projections sont cependant assez risquées comme l’exemple suédois le prouve.
En 2003, SCB (NDT : Insee suédois) projetais que le dépassement des hommes interviendrait en 2050. Trois plus tard, cette prévision s’est réalisée en 10 ans. On a à peine eu le temps de replanifier cette prévision qu’elle est arrivée l’an dernier.
Lena LundKivst de l’ECB pense que cette bascule pourrait aussi intervenir rapidement dans d’autre pays : « Dans d’autres pays, le taux de mortalité masculine est encore élevé mais si les hommes changent leurs comportements, les choses peuvent changer très vite aussi ».
Dailymail

Traduction @kernisian pour FDesouche.com

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