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Tribune de Laurent Chalard, géographe (European Centre for International Affairs), sur la mise en valeur du “caractère multiculturel” de Paris.
Londres a élu un maire d’origine pakistanaise, le pluriethnisme est l’un des atouts touristiques et économiques de la capitale du Royaume-Uni. Paris est aussi une métropole multiculturelle, mais ne met pas en valeur cet aspect crucial en période de mondialisation.
Une des caractéristiques de Paris, par rapport à sa principale concurrente européenne, Londres, est l’absence de mise en valeur de son caractère multiculturel dans sa promotion à l’international. Pourtant, sur le plan démographique, la métropole du Grand Paris présente un profil pluriethnique aussi marqué que la capitale du Royaume-Uni, même s’il est difficile de le mesurer exactement, étant donné l’absence de statistiques tenant compte de l’origine en France. En conséquence, le multiculturalisme est beaucoup plus perçu comme un problème, qu’il convient de cacher, car il risque de faire fuir les touristes et les investisseurs étrangers.

La municipalité de Paris, moteur de la métropole, joue essentiellement sur son côté «ville-musée», le «Paris romantique», insistant sur la culture française traditionnelle avec ses musées et ses bistrots.


Dans un monde globalisé, si Paris souhaite conserver son statut, la promotion de son caractère multiculturel est indispensable, au risque sinon d’être distancée par une métropole londonienne, qui a une longueur d’avance sur le sujet, et de rejoindre la catégorie des villes endormies. […] Concernant la première communauté d’origine étrangère du Grand Paris, la communauté maghrébine, il est assez frappant de constater qu’aucun établissement culturel majeur ne lui est exclusivement consacré dans la métropole. […] Il serait donc souhaitable de voir émerger en banlieue un (ou plusieurs) centre de culture maghrébine, regroupant un musée, des lieux d’expositions, des restaurants et des commerces, s’inscrivant dans un quartier à population nord-africaine importante. […]

Le centre de Saint-Denis serait tout à fait adapté à ce projet, faisant dialoguer l’histoire de France, à travers la basilique royale, avec celle de l’immigration.

Ce modèle pourrait ensuite être reproduit aux autres communautés d’origine étrangère présentes en nombre dans la métropole, comme les cultures d’Afrique Noire, de l’ancienne Indochine, de la péninsule indienne…
Cette politique de développement de sites culturels pour chacune des principales communautés d’origine étrangère résidant dans le Grand Paris

serait le meilleur moyen pour ces populations de se réapproprier leur culture d’origine

, qu’ils méconnaissent bien souvent, d’où leur relative incapacité à dialoguer avec les autres cultures dont celle française. Elle permettrait à la fois de lutter contre les phénomènes de repli identitaire au sein des immigrés et de leurs descendants et de renforcer la globalisation de la métropole parisienne, en la rendant plus ouverte au multiculturalisme.
Libération

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