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Dans “Sortir du manichéisme” (éd. Michel de Maule, 2016), Martine Storti, présidente des 40 ans du MLF, s’attaque aux lectures binaires du réel et exhorte à en embrasser la complexité. Entretien.


[…]Et puis, au fond, ça veut dire quoi être intégré et ne pas être intégré ? Est-ce qu’on n’entend pas, par-là, que ceux qui ne sont « pas intégrés », ne sont pas devenus ce qu’on aurait souhaité qu’ils deviennent, ou ne sont pas devenus comme « nous » ? Le nous renvoyant à cette fameuse « identité ».

Dans L’Identité malheureuse, Finkielkraut parle de « deux peuples ». Or, je regrette, mais je ne fais pas peuple avec Marine Le Pen. Et puis c’est quoi le peuple ? Il ne serait que le mâle blanc hétérosexuel ? C’est le peuple peau de chagrin, une conception étroite du peuple, un peuple identitaire.
Avec Cologne, on a eu le sentiment que le féminisme était parfois instrumentalisé pour servir des discours islamophobes…
L’instrumentalisation de la question des femmes est très forte en effet. Il y a même une centralité de la question des femmes puisque les affrontements identitaires se jouent aussi et peut-être surtout sur cet enjeu. C’est extraordinaire que soudainement l’Occident prétende que l’égalité femmes-hommes fait partie de son identité, alors que c’est une conquête, que des siècles de combat ont été nécessaires pour parvenir à une émancipation qui est très importante même si elle n’est pas achevée.
Rabattre l’émancipation des femmes sur l’identité, c’est lui ôter son caractère universel. L’émancipation des femmes est le produit d’une histoire et elle peut donc être le produit d’une histoire pour toutes, comme la démocratie, avec des spécificités bien entendu.[…] Les Inrocks
Merci à oxoxo

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