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Thomas Guénolé, politologue, est resté deux jours à Molenbeek, pour aller à la rencontre de la population et d’acteurs associatifs, sociaux, religieux, politiques, policiers. Il a parcouru la commune de Bruxelles pour tirer de cette pérégrination sa propre opinion. Extraits du troisième épisode.

Y a-t-il d’ailleurs un lien, comme on l’affirme souvent dans le débat public, entre être de plus en plus pratiquant et devenir intégriste, voire djihadiste ? Le directeur de la mosquée Arafat me répond que les deux choses sont sans rapport, sauf “quand le courant de l’islam que vous fréquentez est sectaire”.

Plusieurs témoins de la société civile molenbeekoise attestent également d’un clientélisme intensif et tous azimuts sous le règne de Philippe Moureaux, finalement empêché de rester bourgmestre par un renversement d’alliances politiques locales en 2012. Pour autant, l’image d’un bourgmestre qui aurait passé avec les imams de l’islam intégriste un pacte faustien, devenant leur fontaine à ressources en échange des voix de “la communauté musulmane”, constitue un énième cliché sensationnaliste déconnecté du terrain, à triple titre. […] Le racisme est là”, lâche tristement Hafida. “Ça m’embête de dire ça parce que je me considère moi-même comme Belge mais c’est indéniable, le racisme est là. Les jeunes, les parents, les grands-parents, on dit tous qu’on est Belges, qu’on se sent Belges, mais c’est la sourde oreille.” […]
L’échevine Sarah Turine va dans le même sens : “Je pense qu’il y a clairement depuis 2001 une hostilité croissante de la société belge envers les musulmans, et chaque attentat fait monter cette hostilité. D’ailleurs on ne dit plus ‘les Arabes’ ou ‘les immigrés’ comme dans les années nonante. À partir du moment où on considère que l’islam est extérieur, alors que depuis trois, quatre générations ils naissent ici, c’est qu’on leur refuse d’être considérés comme entièrement Belges. Et c’est au fait d’être musulman qu’on ne cesse de les renvoyer. Donc on les pousse à se sentir extérieurs et à se définir comme musulmans“. […] Le docteur Zahri affirme qu’il y a un vrai problème d’entrisme du hanafisme dans les mosquées. “Ce courant venu d’Arabie saoudite est très exigeant sur la forme, nous explique-t-il. Les vêtements, la barbe pour les hommes, le voile pour les femmes, avec quel pied il faut entrer dans une pièce… Ce courant doit disparaître. Il est néfaste, il est sectaire, il ne cesse d’exclure autrui, il ne cesse de pointer du doigt des musulmans simplement parce qu’ils n’adhèrent pas aux principes de leur secte.“[…] Le Nouvel Obs

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