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L’idée de créer une bibliothèque dans le cadre du mouvement Nuit Debout est née au sein de SavoirsCom1, un collectif qui défend des politiques publiques permettant l’émergence et le développement des “communs de la connaissance”.

BiblioDebout est alimentée par des dons de livres et fonctionne sur l’échange : “Amenez-un livre, prenez-en un, partagez-le. La seule obligation, c’est de le lire !”. […]

Une autre question fondamentale s’est rapidement imposée à nous : devons-nous faire un choix parmi les livres donnés ? Devons-nous accepter des publications racistes ou politiquement totalement opposés à Nuit Debout ? Que faire des livres potentiellement sexistes ?

Nous avons été directement confrontés à cette problématique lorsque nous avons reçu un livre intitulé “Petit guide de la parfaite épouse”.

Sans trop y réfléchir, nous l’avions mis dans un cageot que nous avons baptisé “L’enfer” de la BiblioDebout, où on avait mis, au début et par plaisanterie, Jean d’Ormesson. Personne parmi les animateurs de BiblioDebout ce soir ne l’avait lu : s’agissait-il d’un ouvrage purement sexiste ou était-ce du second degré ? Le premier weekend, nous y avions aussi mis un DVD complotiste qui revenait sur les évènements du 11 Septembre.

Quand nous partons de la place, nous laissons certains ouvrages sur la place – car nous ne pouvons pas tout porter ! – pour qui voudra les prendre. Nous ramenons les autres chez nous.

Ce soir-là donc, nous avions donc laissé le “Petit guide de la parfaite épouse” pour mort quand une jeune femme féministe est arrivée et nous a reproché de mettre ce livre sur la place. Le ton est rapidement monté entre elle et la personne de permanence ce soir-là. La jeune femme, énervée, a fini par dire qu’il fallait brûler ce livre.

Cet accrochage nous a fait nous interroger sur le rôle que nous devions jouer dans la sélection proposée. Certains sont pour effectuer une sélection parmi les titres proposés, d’autres estiment qu’elle va à l’encontre des valeurs défendues par notre initiative et Nuit Debout.

Mais les bibliothécaires parmi nous font remarquer qu’un livre existe dans un contexte et dans des usages qu’on ne peut pas prévoir, et que celui qui repart avec un livre de Finkielkraut ne dit pas s’il a prévu de s’en servir pour mieux contredire son auteur. Nous avons également l’idée de créer un espace dédié, intitulé “(Se) changer les idées” où ces livres pourraient servir de source de débats. […}

Le Nouvel Obs

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