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« Quand est-ce qu’on va en sortir ? » Jean-Marc Bailleul s’inquiète-t-il de la prolongation de l’état d’urgence ? Pas vraiment. Le secrétaire général du syndicat national des officiers de police (SNOP) n’a d’ailleurs pas été surpris lorsque son ministre, Manuel Valls, a annoncé mercredi 20 avril que le gouvernement envisageait de l’étendre deux mois de plus, à partir du 26 mai.

« Aucun flic de France ne s’attendait à l’inverse », acquiesce Luc Poignant d’Unité SGP Police (branche du syndicat Force ouvrière). Surtout avec la perspective de l’Euro de football, organisé en juin en France. Les deux hommes conviennent que cela ne change pas grand-chose pour eux, finalement. Même si l’état d’urgence était levé, le plan Vigipirate renforcé ne reculerait pas automatiquement d’un cran. Or, appuie M. Poignant, « c’est Vigipirate qui nous colle à la rue ». Physiquement et psychologiquement.

Pour les forces de l’ordre, la gestion des assignations à résidence et des perquisitions administratives permises par l’état d’urgence ne représente qu’une activité à la marge comparée à la vigilance accrue qu’exige l’alerte attentat, entre renforcement des contrôles et protection des lieux de culte, des hôpitaux, des écoles…

Sans compter qu’à l’exceptionnel qui dure s’ajoutent d’autres actualités. Entre la prévention antiterroriste, les tensions autour des migrants à Calais, la Nuit debout place de la République à Paris, les manifestations contre la loi El Khomri partout en France : « Ça commence à faire beaucoup », soupire M. Bailleul.

Depuis janvier 2015, ils estiment d’ailleurs ne pas avoir eu le temps de baisser la garde, payant la baisse d’effectifs subie entre 2008 et 2012, sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy. Près de 13 000 hommes en moins, police et gendarmerie confondues, estiment les syndicats. « On ne multiplie pas les pains », rappelle Jean-Claude Delage, secrétaire général d’Alliance, avant de se lancer dans une démonstration imparable : si les missions augmentent avec un effectif constant, ce dernier diminue donc. Encore.

Mais « les choses vont dans le bon sens », positive-t-il. Plus de quinze mois après les attentats contre Charlie Hebdo et l’Hyper Cacher, le nouveau matériel commence à arriver. Tout comme les nouvelles recrues promises par François Hollande – 5 000 créations de postes dans la police et la gendarmerie sur deux ans. Reste une année à « tirer la langue », évalue M. Poignant, le temps que « les poussins » sortent de l’école. En attendant, l’état des troupes est« catastrophique ». Chacun puise dans ses réserves au point de faire dire au représentant syndical que « derrière chaque uniforme, il y a un homme épuisé ».

Tous sont intarissables sur le malaise qui traverse leurs rangs : la fatigue, les heures supplémentaires, l’impossibilité de prendre des jours de congés sans êtrerappelé, les problèmes de santé et les crises familiales qu’engendre le trop-plein de travail et de stress… La liste est si longue que certains s’étonnent presque de compter si peu de collègues qui craquent. Les congés maladies sont rares. Et les violences policières ? […]

Le Monde

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