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Ce n’est pas un teaser de site de rencontres, mais une proposition très honnête diffusée au lycée Le Corbusier, à Aubervilliers, (70 nationalités, 1.100 inscrits) avec le consentement du proviseur, Didier Georges, dans le cadre d’une enquête sociologique sur l’amour et le choix du conjoint. Le but de cette étude: savoir si les élèves de banlieue sont si différents des autres. […]

L’idée est née du projet Thélème, un programme mis en place, chaque année depuis 2012, par quelques profs acharnés pour une vingtaine de lycéens volontaires. Ils sont devenus accros à l’anthropologie, persuadés que pour bien vivre ensemble, il faut connaître l’autre.

Les attentats de janvier 2015 les ont confortés dans cette idée. « Quand on parle d’anthropologie, c’est moins crispé que lorsqu’on évoque la religion ou la laïcité », confiait une élève en marge d’un colloque organisé en juin. C’était le premier acte d’un travail qui s’est poursuivi avec cette enquête inédite, chapeautée par le sociologue Christian Baudelot, garant d’une méthodologie scientifique.

« Le thème de l’amour et du conjoint idéal parle aux adolescents et met en lumière des attitudes entre les genres et le rapport à l’autre, note l’enquête, le but étant de déconstruire les préjugés sur les jeunes de banlieue en regardant de plus près s’ils rêvent d’endogamie, s’ils sont machistes et homophobes. » […]

Pas moins de 600 élèves (60 % des lycéens) se sont prêtés à l’enquête. La plupart des sondés ont des parents nés à l’étranger sur l’un des cinq continents, sont issus de classes sociales peu favorisées pour la plupart (plus de 40 % de fils d’ouvriers et à peine plus de 5% d’enfants de cadres et dirigeants). 30 % ont une mère au foyer, mais ils sont près de 80 % à penser que la femme idéale travaille. La famille idéale ? Deux ou trois enfants maximum, peu importe la couleur de peau de la moitié, et l’endogamie n’est pas privilégiée. Quant à l’homophobie, les résultats se démarquent peu des enquêtes nationales sur le sujet.

Marlène Guinier, proviseure à Auguste-Blanqui de St Ouen, en est convaincue : « Arrêtons de considérer nos banlieues comme des terrains de djihadisme potentiel. Cessons le catastrophisme et utilisons les sciences sociales pour mesurer que l’intégration fonctionne. » L’enquête, dont les résultats globaux seront révélés en mai, sera proposée à d’autres établissements du département.

Le Parisien

(Merci à Cathy B.)

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