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Extraits d’une tribune de Roger Martelli, historien, co-directeur de Regards et ancien membre du PC. Il est l’auteur de “L’identité, c’est la guerre”.

Le fanatisme trouve en lui-même les moteurs de sa folie. Mais les racines de son expansion ne sont pas en lui-même ; elles ne sont dans aucun corpus religieux fondamental.

Manuel Valls a donné le ton de la prochaine campagne présidentielle. «Bien sûr, a-t-il affirmé, il y a l’économie et le chômage, mais l’essentiel, c’est la bataille culturelle et identitaire». Je tiens, à l’opposé, que c’est cette conviction qui a fait le lit du Front national et qui voue la gauche française au désastre.

Cette logique est un piège. Elle a été forgée par la droite extrême (la « Nouvelle droite ») dès les années 1970. Elle a irrigué toute la droite. Elle est en train de gangréner la gauche.

Qu’est-ce qui a permis cette évolution ? La déroute de l’égalité. Les échecs du soviétisme, l’essoufflement du tiers-mondisme et l’érosion de l’État-providence ont nourri l’idée que l’égalité était une chimère dangereuse. À la place, nous n’aurions plus que le choix qu’entre la compétition (la concurrence « libre et non faussée ») ou l’inégalité régulée (l’inégalité « acceptable » ou encore « l’équité »). Ou le libéralisme intégral, ou le social libéralisme…

[…]

L’extrême droite nous a imposé la frénésie de la puissance, le repliement des nationalismes, l’angoisse de l’état de guerre, la prison des identités. Si nous voulons la combattre, n’acceptons pas les termes du débat dans lesquels elle nous enserre. Contre l’obsession de l’identité, la seule voie est la passion de l’égalité.

Le Monde

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