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Tribune de l’écrivain algérien Boualem Sansal.
Si, aujourd’hui, il est un mot à bannir du langage, c’est le mot « résister ». Résister, c’est donner l’avantage à l’ennemi, lui offrir l’honneur de porter le dernier coup, c’est capituler et mourir. […] Résister c’est quoi, quand on travaille à faire taire toute contestation dans le pays et empêcher les citoyens de se mobiliser et de monter au front ? Priver un peuple du combat pour sa vie et son honneur, c’est le tuer et le déshonorer, ses enfants ne le lui pardonneront jamais. C’est un génocide. […]

«Aux arrrrmes citoyens, formeeeeez vos bataillons… » est-il toujours l’hymne de ce pays ?”

Ce n’est pas tout. Contre qui et quoi veut-on résister ? Les Chinois, les Martiens, la fièvre jaune, la pollution ? Qui veut-on éliminer  : des lampistes, des poseurs de bombes occasionnels, la finance internationale, une religion, une organisation secrète, une secte, des émirs ?
Nommez l’ennemi, nommez le mal, parlez haut et clair, tout est là, le reste est détail, il relève de la technique.

Si les autorités manquent de mots, je peux leur prêter les miens  : l’islam radical, l’islam modéré comme son appoint, le salafisme, l’Arabie, le Qatar, les dictatures arabes malfaisantes.

Et là se posent deux questions cruciales. La première  : sommes-nous capables de nous battre et de verser notre sang si on ne croit pas à nos valeurs, si on les a déjà trahies mille fois ? La seconde  : quel est ce brillant et courageux chef qui va nous conduire à la victoire ?

Le Monde

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