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Tribune de Jacob Rogozinsk, professeur à la faculté de philosophie de Strasbourg sur les moyens de combattre fanatisme islamiste.
Qu’est-ce qui peut amener de jeunes Français à massacrer d’autres Français au nom du djihad ? Incapables d’expliquer de tels actes, certains dénient qu’ils aient le moindre sens : l’on aurait affaire à un comportement « nihiliste » qu’il serait vain de chercher à élucider. A moins que l’on ne se contente d’explications psychologiques : les assassins de Charlie Hebdo, de l’Hyper Cacher ou du Bataclan seraient des malades et des fous, semblables aux tueurs en série qui sévissent outre-Atlantique. […] Ainsi les termes « radicalisation » et « radicalité » sont-ils devenus synonymes d’extrémisme et de violence. Voilà qui ne va pas de soi : un vieux parti laïque et républicain ne s’est-il pas désigné jadis comme radical ? Faudrait-il soupçonner Gambetta et Clemenceau d’apologie du terrorisme ou de fanatisme religieux ? Il ne s’agit, nous dira-t-on, que d’une question de vocabulaire. […]

Pourquoi refuse-t-on d’admettre que la souffrance sociale puisse favoriser la propagation du fanatisme islamiste ?

Sans doute par crainte de disculper les assassins en trouvant des « excuses » à leurs actes. Et pourtant comprendre n’est pas justifier, expliquer n’est pas pardonner. Qui oserait nier que des discriminations existent dans notre pays, qu’elles peuvent éveiller un sentiment d’injustice, voire susciter une révolte comme celle qui a embrasé les banlieues il y a dix ans ? L’on doit alors se demander comment une protestation légitime peut, dans certains cas, se laisser détourner vers de tout autres objectifs : comment une frange, certes très minoritaire, des jeunes révoltés peut s’engager dans des réseaux qui sèment la terreur et la mort. Le sentiment de subir une injustice engendre de l’indignation et de la colère ; mais il arrive que la colère vire à la haine. […]

[…] Le Monde

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