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Extraits d’une tribune de Jean-Loup Amselle, anthropologue. Il a publié “Les Nouveaux Rouges-Bruns. Le racisme qui vient”.

Ce n’est pas la déchéance de nationalité pour quelque catégorie de Français que ce soit qu’il faudrait introduire dans la Constitution, mais bel et bien envisager la suppression d’un principe de nationalité à plus ou moins longue échéance et quel que soit le pays concerné.

Unité ou bipartition, conception contractualiste ou ethnique du peuplement national, telles sont les options qui sont présentes sur le marché des idées et offertes aujourd’hui aux acteurs sociaux et politiques. Sur le long terme, force est de constater le déclin des idées contractualistes et de la conception de la République qui lui est liée.

A travers l’affaire Dreyfus, les années 1930, le régime de Vichy et la lente progression du Front national, c’est bien la conception raciale de la nation qui a dominé et continue de dominer le champ intellectuel et politique, comme en témoigne l’utilisation non contrôlée de la notion de «Français de souche», à laquelle sont liées d’autres expressions comme celle d’«insécurité culturelle». Or, cette racialisation de la population hexagonale a également des effets en retour à l’autre extrémité du champ intellectuel et politique : celle représentée par les organisations postcoloniales qui entendent précisément lutter contre le racisme.

Devenant des «entrepreneurs d’ethnicité», ces organisations (Conseil représentatif des associations noires de France – CRAN –, Indigènes de la République, etc.) mobilisent en effet de façon symétrique et inverse à la droite raciste, sur la base d’identités certes discriminées, mais également essentialisées en contribuant ainsi à figer un peu plus la bipartition raciale du peuplement national entre «autochtones» et «allochtones», ou prétendument tels. […]


Le Monde

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