Fdesouche

L’acteur et réalisateur Roschdy Zem raconte son enfance dans le Monde : son premier travail sur les puces de Clignancourt, son enfance à Drancy et sa découverte du cinéma.

« Etre acteur, ce n’était pas pour les enfants d’immigrés »

Je ne serais pas arrivé là si… ma mère n’avait pas eu la bonne idée de quitter le Maroc avec mes deux frères et ma sœur, pour rejoindre mon père en France. Il était ouvrier sur les chantiers depuis cinq ans, il vivait dans un bidonville à Nanterre et ne se voyait pas y accueillir sa famille. Ma mère, lasse de l’attendre, a fait le forcing. Je suis le premier des cinq enfants nés en France. Cela a complètement changé ma destinée. La vie d’un jeune dans la campagne marocaine, c’était la vacuité de l’ambition. […]

Dès la quatrième, les enseignants poussaient les enfants d’immigrés à partir apprendre un métier. Ma mère s’est battue pour que je puisse intégrer une première. En vain. Ma première réaction, ça a été de m’engager dans l’armée. Je m’étais senti rejeté, humilié, mais je n’en voulais pas à la France.

Ma mère était invalide, soignée gratuitement, je sais que dans son pays d’origine, sans cette dialyse quasi quotidienne, elle n’aurait pas survécu. La France, c’est le pays qui m’a permis de vivre avec ma mère pendant trente ans.

A Drancy on était « les arabes », puis on a arrondi les angles en nous appelant « les beurs ». Maintenant, on est « les musulmans ». Il faut s’extirper de ça, c’est un piège ! Il faut que les médias cessent de nous demander de nous définir par rapport à nos convictions religieuses. Cessent aussi de se focaliser sur ceux qui sont dans l’outrance, l’ostentatoire. On crée une forme de phobie. Je vois l’impact que ça commence à avoir sur mon travail. Alors vous imaginez pour les gens ordinaires… […]

Le Monde

Fdesouche sur les réseaux sociaux