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Un an après Charlie, la lutte antiraciste demeure un terrain hautement sensible, nourri de craintes de stigmatisation que l’actuel débat sur la déchéance de la nationalité a encore attisées.


Dans le sillage des attentats du début 2015, Manuel Valls l’avait martelé en avril: les Français juifs “ne devaient plus avoir peur d’être juifs” et “les Français musulmans ne devaient plus avoir honte d’être musulmans”.

La France, déjà effarée par l’attaque antisémite de l’Hyper Cacher, venait de connaître trois mois marqués par une forte hausse des actes antimusulmans. L’action passait alors, au nom du “vivre-ensemble”, par un “plan de lutte contre le racisme et l’antisémitisme” doté de 100 millions d’euros pendant trois ans.

Soutien aux associations, mesures concernant la justice, l’école et internet… Jusqu’au lancement, en novembre dernier, d’une campagne média par les associations qui ont reçu le label “grande cause nationale”: sur le papier, la lutte contre le racisme et l’antisémitisme progresse.

Mais l’année écoulée a aussi été marquée par une série de polémiques révélatrice de tensions entre deux conceptions très différentes de la lutte antiraciste, au risque d’en brouiller le message.

Le discours universaliste des associations historiques (Licra, Mrap, Ligue des droits de l’homme et SOS racisme) est en effet chahuté par des organisations plus activistes, souvent plus présentes sur les réseaux sociaux, dont certaines n’hésitent pas à faire référence à l’héritage colonial, à dénoncer une islamophobie latente ou à communautariser la question.

Le débat n’est pas nouveau: l’affaire “Exhibit B”, exposition dénoncée comme une succession de clichés antinoirs en 2014, l’avait rappelé. Mais il s’est focalisé récemment autour de la personnalité du nouveau Délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme (Dilcra) Gilles Clavreul, nommé fin 2014.

Habitué des interventions tranchées sur les réseaux sociaux, celui-ci a été à plusieurs reprises accusé d’un “deux poids, deux mesures” au détriment des musulmans, notamment en décembre après un meeting tenu par des collectifs antiracistes proches de l’islamologue controversé Tariq Ramadan, que M. Clavreul avait dénoncé comme une “offensive antirépublicaine” ou un “antiracisme perverti”.

(…) L’Express

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