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Pour Benjamin Stora, président du conseil d’orientation du musée de l’Histoire de l’immigration, «alors qu’il y a une plus grande circulation des idées et des images, on assiste à une fermeture et à un repli sur soi. C’est ce paradoxe qu’illustre l’exposition ‘Frontières’ à l’échelle internationale». Benjamin Stora, né à Constantine en 1950, est arrivé en France en juin 1962.

Récemment, certains hommes et femmes politiques ont déclaré que la France était un pays de «race blanche» ou qu’il fallait accueillir des réfugiés syriens exclusivement chrétiens pour des raisons sécuritaires. Que ces discours politiques reflètent-ils de l’état de la société française aujourd’hui ?

Ils témoignent malheureusement d’un nationalisme politique de rétractation, qui ne vise à ne voir qu’une seule religion, une seule langue, une seule Histoire, une seule culture. Un nationalisme archaïque ne tient absolument pas compte des modifications qui ont eu lieu depuis pratiquement un siècle.

C’est ce que veut d’ailleurs montrer le musée de l’Histoire de l’immigration : la France n’est plus celle d’il y a un siècle, d’il y a 50 ans, même s’il y a bien sûr des continuités sur le plan linguistique et politique. La France est un pays qui change comme tous les pays : qui ne sont pas des pays homogènes, où les frontières ne bougent jamais et où les revendications identitaires sont toujours les mêmes. Non !
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L’Europe aussi et la France en particulier changent : les populations ne sont plus les mêmes et donc il y a des défis nouveaux, des façons nouvelles d’intégrer, c’est-à-dire de tendre la main, de faire en sorte que les gens puissent vivre ensemble et se sentent mieux.

Il y a deux types de discours. Soit l’on dit que la France était de telle manière il y a 50 ans et qu’elle ne bougera plus : soit vous l’acceptez, soit vous partez. Soit, au contraire, l’on dit qu’il y a des populations nouvelles qui sont sur le sol français et l’on fait en sorte que celles-ci puissent se sentir à l’aise, vivre dans ce pays et l’enrichissent. Soit vous avez un discours de fermeture et de conflit, soit vous avez un discours d’ouverture et de main tendue. C’est entre ces deux discours, ces deux types de comportements que l’on doit observer l’évolution de la société française.

Malheureusement, il est vrai que le premier comportement de fermeture et de repli est aujourd’hui très fort. Il faut le dire franchement, on ne peut pas se réfugier dans des discours naïfs. Il y a des discours, pas seulement en France mais dans toute l’Europe et ailleurs, qui sont des discours de fermeture sur soi et de refus des autres. Mais il ne faut pas céder. […]

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