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[…] En 1948, Haïlé Sélassié offre des terres aux Rastas en Éthiopie. Après une visite de l’empereur en Jamaïque en 1966, des Caribéens, attirés par la « terre promise », commencent à affluer en Éthiopie, suivis d’Américains et d’Européens. Les descendants d’esclaves noirs pensaient ainsi en finir avec « l’exil » séculaire. « L’Éthiopie est notre terre, pour tous les Noirs restés en Occident ».

Haïlé Sélassié, ancien empereur éthiopien et “messie” des Rastafaris

Mais l’exclusion a vite remplacé l’exil. Après le renversement d’Haïlé Sélassié par Mengistu Haïlé Mariam en 1974, le nouveau pouvoir marxiste autoritaire a confisqué les terres de Shashamané et la plupart des Rastas ont choisi de fuir.

« L’empereur nous avait donné 500 hectares. Aujourd’hui, nous vivons sur six ou sept hectares », soupire Reuben, originaire de Birmingham en Grande-Bretagne et arrivé il y a dix ans. Et « aujourd’hui encore, nous n’avons aucun contrôle sur notre propriété », déplore-t-il. Les Rastas ne sont autorisés ni à déposer un permis de construire ni à posséder un bien foncier. Ils ne peuvent pas non plus travailler, payer des impôts, inscrire leurs enfants à l’université.

La plupart d’entre eux sont de fait apatrides. Ils ont le plus souvent tourné le dos à leur pays d’origine en ne renouvelant pas leur passeport. Et la nationalité éthiopienne ne leur a pas été accordée. « Ce qui me déçoit, c’est que je dois avouer à ma famille restée là-bas qu’ici non plus nous ne sommes pas encore intégrés », regrette Reuben. […]

Jeune Afrique

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