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Alors que depuis les attentats du 13 novembre, le gouvernement prend pour cible les mosquées radicales et a désigné comme “ennemi” le salafisme, le sociologue Samir Amghar, spécialiste de ces courants de l’islam (il a notamment publié chez Michalon “Le salafisme d’aujourd’hui, mouvements sectaires en Occident”), répond aux questions de metronews.

Considérer que les mosquées sont un lieu de la radicalisation, c’est véritablement taper à côté. Des imams qui disent que la femme doit rester à la maison et qu’il ne faut pas écouter de musique, il y en a plein. Mais des individus qui appellent à commettre des attentats, cela n’existe pas.

Le gouvernement a annoncé mercredi la fermeture de trois mosquées pour motif de “radicalisation”. Selon vous, une telle mesure peut-elle être efficace dans la lutte contre le terrorisme ?

Pas du tout, cela ne sert à rien. D’abord parce qu’il n’y a plus de mosquées véritablement radicales en France : on a peut-être affaire à des structures radicales d’un point de vue religieux, mais elles n’appellent pas à la violence.[…]

Quand Manuel Valls décrit le salafisme comme “l’antichambre de la radicalisation”, celle-ci pouvant “conduire au terrorisme”, il fait donc un amalgame ?

Oui, parce que le salafisme tel qu’il est vécu en France et le djihadisme relèvent de logiques complètement différentes. L’un s’inscrit dans une logique quiétiste, pacifique, l’autre dans une logique violente. Ils ne se nourrissent pas l’un l’autre. Or quand il dit cela, Manuel Valls part du principe qu’un premier pas vers la radicalisation religieuse amène nécessairement un basculement vers la radicalisation de type violente. Il a une logique graduée de la radicalisation, or celle-ci ne fonctionne pas de façon linéaire. Ce n’est pas parce que vous commencez à fumer que vous allez devenir un drogué. C’est aussi absurde que cela.

Mais beaucoup de ceux qui ont commis des actes terroristes ces derniers mois sont passés par le salafisme…

Non, ils sont passés par une certaine lecture du salafisme. C’est comme si vous me disiez que les gens du Parti communiste français ont alimenté les rangs d’Action directe dans les années 1970.
[…]

Diriez-vous que le salafisme est compatible avec la République et la démocratie ?

Il ne se reconnaît pas dans la République et la démocratie, mais il ne les conteste pas, il s’en accommode. Il les critique, car elles ne correspondent pas à ses valeurs, mais ne va pas s’y opposer frontalement.

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