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Extraits de l’éditorial du Monde intitulé : “Déchéance de nationalité : attention, danger”.
[…] Le 1er décembre, le Conseil d’Etat a été saisi, pour avis, d’un projet de loi visant à consolider juridiquement l’état d’urgence et, en particulier, à autoriser cette déchéance de la nationalité, y compris pour des Français nés en France et disposant d’une autre nationalité, dès lors qu’ils auraient été condamnés pour terrorisme. Ils seraient ensuite évidemment expulsés.
Cette mesure paraît, en effet, parfaitement inutile en matière de terrorisme : qui peut sérieusement soutenir qu’un kamikaze qui cherche à se faire exploser au milieu d’une foule serait sensible au risque de perdre sa précieuse nationalité française ?

Il est assez dérisoire de penser que le monde nous envierait à ce point notre nationalité que la perdre serait l’ultime humiliation.

Enfin et surtout, la déchéance de nationalité est un affront aux valeurs républicaines. Elle suppose qu’il existe deux types de Français : les citoyens nés Français, que l’extrême droite désigne comme les « Français de souche », et les autres, qui ne le seraient que s’ils se tiennent correctement et prouvent jour après jour qu’ils sont dignes de le rester.


Certes, le code civil prévoit la possibilité, dans un certain nombre de cas, de déchoir de leur nationalité des étrangers qui ont nationalité française ; c’est notamment le cas pour ceux qui sont condamnés pour terrorisme. Le gouvernement veut aller plus loin, et pouvoir déchoir ceux qui sont nés Français et qui n’ont guère d’attaches dans le pays de leurs parents dont ils ont conservé la nationalité.
L’impact, symbolique, est fort. Il ne devrait pas contribuer à l’intégration des populations, et en particulier des Français musulmans, puisqu’ils seraient évidemment la principale cible d’une telle mesure. Attachés à la nationalité d’origine de leurs parents, près du tiers des descendants d’immigrés déclarent une double nationalité. Cela représente 3,5 millions de personnes. Celles-ci sont aujourd’hui françaises à part entière. Demain, si cette réforme était validée et adoptée, elles entreraient dans l’ère du soupçon.

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