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Tribune de Guy Sorman, éditeur, écrivain et essayiste.
Le terme de guerre me paraît excessif, une métaphore aussi inadaptée à la réalité que la guerre contre la terreur, décidée par le président américain George W. Bush après les attentats du 11 septembre 2001. […] Au mieux, les Occidentaux parviendront-ils à contenir les effets indirects sur nous-mêmes, les éclaboussures sanglantes de cette guerre sainte en Islam. L’autre guerre à mener, chez nous, longue, difficile, mais celle qui peut être gagnée et garantir notre sécurité est la suppression des réservoirs de militants djihadistes qui légalement sont nos concitoyens. Mais à Paris, Bruxelles, Rome, Madrid, Détroit ou Genève, ils se perçoivent comme des citoyens de seconde zone et admettons-le, sont souvent considérés comme des demi-citoyens. Ne nous étonnons pas que les terroristes se recrutent parmi eux : nul besoin de les faire venir de Syrie. Depuis quarante ans, Paris et Bruxelles étant malheureusement exemplaires, des politiques erronées dans nos pays ont laissé se constituer des quasi-nations non intégrées aux marges de nos capitales. […]

J’ajouterai que l’interdiction croissante de pratiquer l’islam, au nom de notre laïcité, intolérante, est une erreur de plus : si on ne peut pas être musulman en Europe, on devient musulman contre l’Europe.

Trois erreurs majeures ont été commises par tous les gouvernements, droite et gauche confondues.
La première fut de construire des logements dits sociaux, en location, ce qui a inévitablement conduit à des regroupements ethniquement homogènes et uniformément pauvres : aux Etats-Unis, la même erreur avait été commise au détriment des Afro-Américains. Il aurait fallu encourager l’accès à la propriété pour « embourgeoiser » ces enfants et petits-enfants de l’immigration : le logement social en location a conduit à la reproduction de la marginalisation.
La deuxième erreur fut de mener des politiques de l’emploi favorables à ceux qui ont déjà un emploi ou disposent du capital social, éducatif et familial pour en trouver un. […] La troisième erreur aura été de ne pas prendre acte des conséquences désastreuses de ces politiques du logement social et de l’emploi rigide, mais d’en tolérer les effets : la création de vastes territoires de Lumpenproletariat dont, progressivement, la police, les écoles, les services médicaux, les entreprises se sont retirés. […]

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