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Une semaine après le carnage du 13 novembre, le philosophe, régulièrement qualifié de «populiste», en tête de la nuée des «oiseaux de malheurs», […] s’élève contre «l’ethnocentrisme de la mauvaise conscience de l’Occident».

[…] Comme le rappelait dans ces colonnes Jean-Pierre Le Goff, la disparition des grandes idéologies avait pu laisser croire à l’avènement d’un monde unifié et pacifié sous la triple modalité de l’économie de marché, d’Internet et des droits de l’homme. Cette illusion se dissipe brutalement: nous vivons la fin de la fin de l’Histoire.

L’Histoire fait son retour dans un pays et sur un continent qui se croyaient définitivement hors d’atteinte. Et cette Histoire n’est pas belle à voir. […] c’est l’Histoire avec une grande hache, qui, au titre de «croisés», d’«impies» ou d’«idolâtres», peut nous faucher n’importe où, à tout moment, quels que soient notre âge, notre sexe, notre profession ou notre appartenance. […]Loin d’accoucher de la liberté, la violence qui se déchaîne est une calamité sans échappatoire, un fléau auquel personne n’est libre de se soustraire.

«Nous avons voulu avec l’Union européenne instaurer le règne de la paix perpétuelle. Notre grand rêve helvétique se fracasse aujourd’hui sur la réalité de l’islamisme» – Alain Finkielkraut

[…] Dans l’Europe posthitlérienne, l’antiracisme tient lieu de vision du monde et on expie le fait d’avoir pris l’Autre pour l’ennemi en prenant l’ennemi pour l’Autre. […]

L’islamisme n’est pas tout l’islam, loin s’en faut. Mais ce n’est pas non plus un phénomène marginal ni une création de l’Occident. Nous n’avons pas, par nos politiques néocoloniales, nos guerres impérialistes et nos pratiques discriminatoires, enfanté ce monstre. Nous ne payons pas pour nos crimes.

L’obligation du djihad, rappelle Bernard Lewis, se fonde sur l’universalité de la révélation musulmane: «Cette obligation n’a de limite ni dans le temps ni dans l’espace. Elle doit durer jusqu’à ce que le monde entier ait rallié la foi musulmane ou se soit soumis à l’autorité de l’État islamique. Jusqu’à ce moment, le monde est partagé en deux: la maison de l’islam et la maison de la guerre. Entre les deux existe un état de guerre moralement nécessaire, juridiquement et religieusement obligatoire jusqu’au triomphe final et inévitable de l’islam sur l’incroyance

Bref, le djihad n’est pas un retour de bâton, c’est un projet de conquête. L’Occident doit se défaire de la croyance mégalomaniaque que, pour le meilleur et pour le pire, c’est toujours lui qui mène le bal. Il faut en finir avec l’ethnocentrisme de la mauvaise conscience. Les islamistes ne sont pas des corollaires, ce sont des sujets historiques à part entière. […]

Aujourd’hui l’État islamique a une adresse. Le califat n’est plus un rêve mais un lieu. On peut donc et on doit répondre par la guerre à la terreur qu’il répand. Daech constitue une menace pour le monde entier. Mais ce n’est pas en bombardant Raqqa qu’on réglera le problème posé par la sécession culturelle à Molenbeek et dans de nombreuses cités françaises ou par la montée de l’intégrisme religieux jusque chez les chauffeurs de bus de la RATP. […]

Lutter contre l’islamisme, c’est se donner les moyens de reprendre les territoires perdus de la nation en reconstruisant l’école républicaine abêtie, abîmée et même saccagée par un demi-siècle de réformes démagogiques et en maîtrisant les flux migratoires, car plus il y a d’immigrés venus du monde arabo-musulman, plus la communauté nationale se fragmente et plus se développe la propagande radicale. Mais est-il encore temps?

Le Figaro

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