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Pierre s’est retrouvé piégé vendredi soir dans l’enceinte du Bataclan. Pour lui le sentiment le plus envahissant aujourd’hui est celui de la culpabilité : “Pourquoi je ne suis pas mort, et les autres ne sont pas vivants ? Pourquoi je n’ai pas aidé les gens ? Pourquoi, lorsque je courrais, je marchais sur les gens ? Pourquoi, lorsque j’étais dans les couloirs, j’ai poussé les gens, pour m’échapper moi, plutôt que de leur prendre la main, et partir avec eux ? Pourquoi cette femme enceinte a été piétinée ? Pourquoi ces gamins ont reçu une balle, alors que ce n’était même pas le début de leur vie, alors qu’ils étaient juste en train de commencer à kiffer des choses que l’on adore tous… On se dit qu’on n’a pas le droit de vivre à leur place.

Parvenu à s’enfermer dans les sanitaires, il a passé un très long moment – qu’il estime avoir duré 2h30 – à entendre les cris, les tirs, les bruits du rechargement des kalachnikovs, puis les terroristes marcher, et placer ce qui s’avérerait être une bombe. Jusqu’à l’assaut du RAID, où les membres du corps d’élite lui ont demandé de sortir, de lever les mains et de ne pas se retourner…
Je ne sais pas si c’est de la curiosité mal placée, si c’est quelque chose de malsain, je ne sais pas… mais je pense qu’il y aussi quelque chose de l’ordre de la défense, pour vérifier qu’il n’y a pas quelque chose d’autre qui peut vous arriver… Donc on regarde, et puis là, forcément, on voit : on voit tous les cadavres, le sang… Des jeunes… […] Ce n’étaient que des gamins qui voulaient s’amuser.” […]

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