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Le djihadiste est-il devenu le “nouvel épouvantail” des banlieues françaises à la place du “jeune à capuche armé d’un cocktail Molotov” ? Analyse du Monde.

«Ce qui fait peur aux habitants, c’est ce qui va les déranger au quotidien : ce sont les ascenseurs en panne, le trafic de drogue, les caves investies. Pas les musulmans barbus», affirme Etienne Pingaud, docteur en sociologie.

Crispations sur l’identité française, blanche et chrétienne, hystérisation du débat sur les signes religieux dans l’espace public, déclin de la nation : tout est en place pour désigner une communauté – musulmane en l’occurrence. »

Mais, entre ces deux dates, l’imagerie anxiogène des « quartiers » s’est modifiée. Finies les couvertures représentant les cités en flammes, ou un groupe de jeunes à capuche lançant un cocktail Molotov sur la police. Ce sont dorénavant les visages des djihadistes arrêtés ou recherchés qui sont mis en avant. En dix ans, la peur sociale a changé de figure, et avec elle les représentations stéréotypées sur les banlieues.

A lire ou à écouter les éditorialistes dénonçant « le spectre islamiste », les diatribes des ­essayistes et des politiques de la droite décomplexée, un nouveau danger serait sorti des entrailles banlieusardes : l’islamiste radical, qui s’endoctrine sur les réseaux sociaux et finit par partir faire son djihad en Syrie ou en Afghanistan avant de revenir exporter la guerre sainte sur le sol français.[…]

Cette peur sociale à l’égard des marges de la société n’est pas nouvelle. Au début du XXe siècle, elle s’exprima à l’égard des apaches, bandes de jeunes voyous et petits truands des faubourgs parisiens. Puis vinrent les blousons noirs, qui terrifièrent la France bien-pensante au début des années 1960.

«La situation géopolitique internationale a augmenté la tension, car elle suscite des comparaisons et des transferts sur ce qui se passe sur le territoire national. Il y a une crispation contre l’islam beaucoup plus forte depuis cinq ans, où s’expriment racisme, vision laïcarde stricte et islamophobie», souligne Patrick Simon, chercheur à l’Institut national d’études démographiques. Dans ce contexte, l’équation « islamisme radical = terrorisme » est désormais de sens commun. Or l’islam peut être radical sans prôner la violence, et rien ne ressemble plus à un islamiste que les barbus en kamis qu’on voit à la sortie des mosquées.

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