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Danièle Sallenave, écrivain et membre de l’Académie française, condamne les apôtres du «tout fout le camp» et les «dangereux prophètes du pire». Une partie de la société française cherche, “sans naïveté ni ringardise”, à inventer l’avenir, analyse-t-elle.

On ne peut qu’en être frappé si on circule un peu à travers une « province » qui ne mérite plus depuis longtemps ce nom un peu condescendant. Cette France-là n’est pas un peuple de Bisounours béats, attendant niaisement d’être colonisé par des envahisseurs. Ni non plus un ramassis de beaufs analphabètes, haineux et racistes.

Les banlieues ne sont pas peuplées uniquement de délinquants et de futurs djihadistes. On y rêve aussi d’un monde où on aurait toutes ses chances sur le marché du travail quand on s’appelle Mohamed et non Kévin ou Mathieu.

L’éloge de la veille a remplacé celui du « grand soir ». Il est décliné aujourd’hui à l’envi, dans les grands shows télévisés qui ont éclipsé les lieux silencieux de la pensée studieuse : nous vivons un choc de civilisations où la France se délite, perd son identité, et va se dissoudre dans le grand rien, après avoir rêvé du grand tout. Bientôt nous serons « remplacés » par les barbares qui se massent à nos frontières… Tout était mieux avant, tout va mal, et ce sera encore pire demain ; l’apocalypse se prépare, autrefois nucléaire, aujourd’hui civilisationnelle. […]

Oui, l’impitoyable logique du profit est partout à l’œuvre, broyant chaque jour un nombre croissant de nos concitoyens. Oui, notre jeunesse est menacée par la cupidité des marchands de fringues et de jeux vidéo. Oui, l’école semble avoir oublié que seule une instruction forte fait des citoyens autonomes et responsables. Oui, le populisme guette et toute une part de notre population peine à trouver ses repères dans un monde qui bouscule et met en rivalité les cultures, les identités, les religions. […]

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