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Hiba, 24 ans, me regarde à peine, blasée d’entendre une fois encore les mêmes questions, qu’elle anticipe, machinalement : “Pneumatique… écoper… marche…” Son amie Samah, à peine plus âgée, écoute d’une oreille, nonchalante. La conversation est laborieuse.

– “Est-ce que vous avez envie de rester en France ?

– Pourquoi tous les journalistes me posent la même question ? Vous voulez que je m’en aille ?

– Parce que si j’avais dû quitter mon pays, ma famille, je rêverais probablement de les revoir un jour…

– Vous voudriez vraiment retourner dans un pays entré en guerre pour au moins 20 ans ?”

Il y a un mélange de rage et de lassitude dans sa voix, mais elle reprend son récit […]

Quand elles se sont retrouvées à Istanbul, elles ont travaillé toutes les deux pendant plusieurs mois comme “couturière, guide touristique”. Rien à voir avec leurs formations, en informatique pour Hiba et en chimie pour Samah. Elles ont décidé de rejoindre l’Europe, il y a un mois environ […]

Invité dans la discussion, Ali, ancien étudiant en philosophie reconverti en agriculteur, évoque avec elle “les Européens qui généralisent ‘musulmans = extrémistes’.” Encore très remontée, Hiba me rappelle que “l’extrémisme est partout, pas seulement chez nous” et prend pour exemple le nazisme, “un extrémisme qui n’a vraiment rien à voir avec l’islam”. […]

Ils n’avaient pas envisagé de s’installer en France. Mais l’accueil qui leur a été fait, “la générosité, l’humanité”, les ont soulagés. “C’est comme en Syrie, avant”, reconnaît Nohma, les yeux humides. Maintenant qu’ils sont là, la jeune femme veut “juste une vie normale, un endroit à nous”. […]

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