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FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN – Bruno Riondel évoque les luttes idélogiques dont l’école de la République est la proie (…)

LE FIGARO. – Votre livre s’ouvre la lettre de Marie-Claude Faivre, professeure de Lettres, à la suite du suicide de Lise B, immolée par le feu au Lycée Jean Moulins de Béziers. Que révèle cette entrée en matière?
Bruno RIONDEL. – Elle révèle le désarroi d’un milieu enseignant confronté à des difficultés croissantes. C’est aussi un beau texte, très émouvant. Il est en lien avec la question scolaire dans sa globalité (…)

“L’école a connu une évolution nécessaire, mais elle se trouve aujourd’hui dépassée par sa dynamique réformatrice qui s’est emballée au contact d’un multiculturalisme qui conduit trop souvent les pédagogues à pratiquer une fuite en avant adaptative. L’école s’est en effet démocratisée au cours des années 90 avec l’accès de 80% d’une classe d’âge au baccalauréat, ce qui fut un réel progrès démocratique, chacun pouvant espérer aller le plus loin possible dans ses études. L’école s’est aussi préoccupée du développement personnel des jeunes dans le but de les épanouir, ce qui fut aussi une avancée louable. Mais, elle a dramatiquement laissé tomber les valeurs d’autorité, de discipline et d’efforts, nécessaires à l’acquisition d’une instruction solide. Le rejet du cadre structurant traditionnel, jugé réactionnaire, a subverti un système éducatif qui dès lors s’est progressivement affaissé. Ces progrès qui concernaient essentiellement les jeunes gens porteurs d’une culture occidentale, et chez lesquels il fallait assouplir les effets de normes morales parfois trop contraignantes, se sont révélés inadaptés au contact de certains publics nouveaux. Des comportements d’affirmation excessifs, et même parfois d’opposition, de la part de jeunes dont l’inconscient culturel est différent, sont ainsi apparus, l’esprit laxiste post soixante-huitard ambiant aggravant certaines situations. Au lieu d’affronter ces réalités nouvelles, l’école s’y est adaptée en détricotant toujours plus le système de références traditionnelles, au nom du pédagogisme niveleur des différences.” (…)

Au-delà des problèmes de violences, de chute du niveau et de transmission des savoirs, vous dénoncez l’intrusion de revendications communautaires au sein de l’école républicaine. Est-ce vraiment le principal problème de l’éducation nationale aujourd’hui? Ne s’agit-il pas d’un problème plus large de perte de repères et d’autorité?

(…) “Cette intrusion communautaire se manifeste par des comportements déplacés divers (contestation des savoirs, revendications multiples et séparatistes, provocations, etc.) et par une tendance à la structuration communautariste de la jeunesse musulmane au sein des établissements (tables séparées et menus toujours plus différenciés, dispenses d’activités scolaires non «islamiquement correctes» (la piscine pour certaines jeunes filles), intensification de la pratique religieuse avec effets visibles (hypoglycémie, instabilité…) lors du mois de ramadan…

“Le réseau de pouvoir républicain est ainsi doublé par un réseau religieux, véritable contre-pouvoir. De même, la mosquée du quartier peut aussi servir de contre école et les savoirs mécréants appris en classe seront révisés dans un sens plus «islamiquement compatible». (…)

Vous considérez que l’enseignement de l’histoire est, lui aussi, victime d’accomodements?

“Les ouvrages et les programmes présentent un islam médiéval révisé, tolérant et défenseur des savoirs, alors qu’ils stigmatisent l’Occident chrétien, un monde sombre marqué par les croisades, l’Inquisition ou l’emprise religieuse sur les sociétés. Curieusement les concepteurs des programmes s’alignent sans nuances sur le point de vue musulman.” (…)

A cet égard que pensez-vous de la récente polémique sur les nouveaux programmes d’histoire?

“Je pense qu’elle est très révélatrice d’une volonté idéologique d’atténuation de la culture dominante avec des enseignements sur le christianisme et les Lumières devenus facultatifs, alors que l’enseignement obligatoire de l’histoire de l’islam est renforcé. Cela traduit la volonté du pouvoir de promouvoir une culture exogène à égalité avec la culture endogène, au nom du multiculturalisme et d’un vivre ensemble républicain.” (…)

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