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Christian Combaz voit dans le tollé suscité par le clip opportuniste de Francis Lalanne à propos de l’enfant syrien noyé, un symptôme de la dérive de l’art qui «colle à l’actu».


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Normalement la mission de l’artiste est justement de bâtir un palais inconnu à partir de presque rien, pas d’assembler la maison de Barbie, pas de commenter ce qu’a dit le journal, pas de colorier un album imprimé. Dans le cas qui nous occupe, l’auteur de la chanson plante son drapeau sur une construction déjà prête, fournie par les médias trois jours avant, et dont on a lieu de penser qu’elle a rendu le public réceptif au thème choisi. En termes de marketing on dit que c’est «chaud», ou «chaud-bouillant». Profiter de la noyade d’un enfant syrien, et de l’émotion qu’elle suscite, pour ajouter son filet de voix à la clameur générale, c’est à la fois facile et navrant. Il y a, dans cette hâte, dans cette tentation permanente du scoop émotionnel , quelque chose d’obscène au sens propre . C’est impudique, les intentions cachées dépassent de partout, on voit toutes les coutures, on imagine le producteur téléphonant «c’est bon ça, c’est porteur, mais il faut faire vite, tu vas te faire piquer le sujet». On a beau ménager la part de sincérité de l’artiste, sincérité reconnue même si elle est assez lourdaude, on se dit que le système quant à lui n’en a aucune et qu’il fait feu de tout bois. En tout cas la vigueur des commentaires que suscite ce détournement émotionnel témoigne que les gens n’ont plus aucune patience à l’égard des apitoiements sur ordonnance.

(…) Le Figaro

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