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Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité et vice-présidente de la Commission, Federica Mogherini ancienne ministre des Affaires étrangères italiennes, en poste à Bruxelles depuis moins d’un an, livre à Libération son analyse de la plus grave crise humanitaire subie par l’Europe depuis 1945.

Vu la façon dont Bachar al-Assad a été impliqué dans cette guerre civile, il est impossible d’imaginer qu’il fasse partie de la future gouvernance du pays.

Un certain nombre de citoyens européens ont le sentiment que l’Union est submergée…

Sur les quelque cinq millions de réfugiés ayant fui la Syrie, 98 % se trouvent dans les pays limitrophes. Cette année, 430 000 réfugiés syriens sont arrivés dans l’Union qui compte, je vous le rappelle, 500 millions d’habitants. […] Ayant dit cela, il y a un aspect qui devrait nous interpeller : la première destination que désirent rejoindre les réfugiés qui quittent les pays frontaliers de la Syrie, c’est l’Union, car nous avons réussi à construire depuis soixante-dix ans un espace de paix et de prospérité sans équivalent dans le monde. L’Europe est un espace accueillant et attirant, ce que nous avons du mal à percevoir en interne après plusieurs années de crise économique et sociale. Si une partie des Européens est mécontente de l’Union actuelle, il n’en reste pas moins qu’elle fascine le reste du monde et que beaucoup de gens désirent y vivre.

Depuis quelques mois, certains pays européens se montrent plus ouverts à l’accueil des réfugiés…

Lorsque certains responsables politiques ont commencé à parler de réfugiés et non plus d’immigrés, cela a contribué à faire évoluer l’opinion. S’il s’agit de réfugiés, il y a un devoir d’accueil, de protection. Les mots sont importants, comme on le voit.

Si l’Europe se comporte comme la Hongrie, il sera difficile de donner des leçons au reste du monde ?
Il sera très difficile d’aller expliquer au Moyen-Orient qu’il faut respecter les droits des minorités si l’on a des discours et des pratiques discriminatoires à l’intérieur de l’Union. Nous sommes perçus comme les champions des droits de l’homme, ce qui impose une cohérence des messages politiques et des décisions. La majorité des réfugiés fuient l’Etat islamique, une organisation que nous combattons. Si nous n’accueillons pas ces victimes du terrorisme, si nous ne sommes pas capables de les protéger, quel message leur enverrons-nous, ainsi qu’au reste du monde ? […]

La droite radicale et l’extrême droite européennes affirment que parmi ces réfugiés se dissimulent des combattants jihadistes…

Cela n’aurait guère de sens pour un aspirant terroriste de se présenter comme réfugié alors que ses empreintes sont automatiquement enregistrées dans le fichier Eurodac. Ils ont des filières bien plus sûres. […]

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