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Aux États-Unis, un des best-sellers du moment, Between the World and Me («Entre le monde et moi»), est un essai sur la violence des Blancs contre les Noirs. Lecture d’été du président Obama, l’ouvrage dresse le portrait d’une Amérique toujours profondément divisée par la question raciale.

Ta-Nehisi Coates a écrit son livre en forme de lettre à son fils de 15 ans, dans le contexte des décès de Michael Brown, Eric Garner, Tamir Rice, Walter Scott et tous les autres hommes noirs non armés récemment tués par la police. […] Dans un passage qui a été beaucoup commenté, Coates explique avoir été presque insensible aux morts du 11-Septembre tant la distance entre son monde noir et ce qu’il appelle l’autre monde était insurmontable:

«Alors que je regardais les ruines de l’Amérique, je restais froid […] Je ne parvenais à voir aucune différence entre le policier qui avait tué Prince Jones et les policiers et pompiers morts [dans l’attentat].»

[…] Le propos central du livre de Coates est qu’aux États-Unis, les corps des noirs sont constamment en danger: pillés, violés, lynchés, parqués dans des ghettos, incarcérés en masse.  Une des phrases les plus citées du livre s’est déjà retrouvée sur des pancartes lors de manifestations contre la brutalité policière:

«En Amérique, la destruction des corps noirs est une habitude –une tradition historique».

[…]Pour Coates, les jeunes du ghetto qui terrorisent les autres habitants sont eux-mêmes terrorisés.

La famille de Coates, adeptes de Malcom X, avait choisi de cultiver sa différence et sa fierté par rapport au monde blanc. A la maison, presque tous les livres étaient écrits par des auteurs noirs, et le prénom Ta-Nehisi est un mot égyptien qui veut dire Nubie (l’actuel Soudan). Coates a d’ailleurs continué cette tradition de prénoms africains: son fils s’appelle Samori en référence à Samori Touré, un leader d’Afrique de l’Ouest qui a résisté aux forces coloniales françaises à la fin du XIXe siècle. […]

Coates raconte la discrimination des Noirs en matière de prêt au logement dans les années d’après-guerre, notamment à travers l’histoire de Clyde Ross, un nonagénaire dont la vie est marquée par une série d’humiliations aux mains des blancs: la confiscation des terres de sa famille dans le Mississippi pour une fausse histoire d’impôts (comme des millions d’autres hectares possédés par des Afro-Américains) puis, à Chicago, l’impossibilité d’obtenir un prêt immobilier comme ceux disponibles pour les Blancs.

Même s’ils en avaient les moyens, les Noirs étaient en effet exclus de ces emprunts et, à la place, ils pouvaient acheter seulement dans certains quartiers (qui sont devenus des ghettos) avec des contrats frauduleux créés par des spéculateurs qui achetaient une maison pour 10.000 dollars à un Blanc et la revendaient le double à un Noir.

Slate

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