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Le philosophe, Michel Onfray, s’interroge sur le traitement médiatique de la crise des migrants. Il regrette que la raison cède le pas à l’émotion et que le peuple soit mis en accusation pour son égoïsme supposé.

Interdire une question, c’est empêcher sa réponse. Criminaliser la seule interrogation, c’est transformer en coupable quiconque se contenterait de la poser.

L’insoutenable photo de l’enfant kurde mort sur une plage de Turquie a conduit François Hollande à modifier la position de la France sur la crise des migrants. Que cela vous inspire-t-il ?

Penser une photo est déjà la chose la plus difficile qui soit car on ignore tout de ce qui a présidé aux intentions et au geste du photographe: pourvu qu’elle soit bonne, une photo est toujours une idée. […] Ce que l’on sait, c’est que dans notre monde où n’existe plus que ce qui est montré dans un média, une photo bien légendée fait plus qu’un long discours argumenté.

L’émotion a-t-elle remplacé la raison? Cela nous empêche-t-il de percevoir les véritables enjeux géopolitiques contemporains ?

Oui, bien sûr. Il faut des bons mots, des petites phrases, des images chocs avec lesquelles on retient bien plus volontiers son public qu’avec une longue analyse fine, précise, argumentée, savante. Un clou chassant l’autre, ce qui est majeur un jour cesse de l’être le lendemain. La religion de l’instant présent dans laquelle communient les médias exige qu’on renvoie l’histoire à la poubelle. L’histoire, donc la mémoire. Depuis 1983, l’Éducation nationale emboîte le pas, droite et gauche confondues. […]

La géostratégie, la démographie, l’histoire passent pour des disciplines réactionnaires parce qu’elles disent ce qui est, ce qui a été et ce qui sera, alors que l’idéologie libérale qui domine, aussi bien sous Sarkozy que sous Hollande, préfère ce qui devrait être et communie dans ses fictions. […]

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