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Guerres aventureuses en Irak et en Libye, enlisement syrien, misère qui ravage une partie de l’Afrique… Les raisons de la vague migratoire qui déferle sur l’Europe selon Pierre Beylau.

Un malheureux enfant de trois ans endormi pour l’éternité sur une plage du littoral turc […].On est brusquement passé d’une indifférence vaguement compassionnelle à un tsunami émotionnel et irrationnel. En l’occurrence, l’émotion est tout à fait salutaire, mais n’interdit pas de tenter d’analyser avec lucidité l’enchaînement qui a conduit à une telle situation.

Premier acte : l’irresponsable guerre d’Irak

Jacques Chirac avait prévenu George W. Bush, Dominique de Villepin l’avait martelé à la tribune des Nations unies et dans les coulisses diplomatiques : si vous attaquez la citadelle irakienne, vous bouleversez tous les fragiles équilibres régionaux entre mondes sunnite et chiite, entre mondes perse et arabe, entre mondes laïc et islamiste. Vous ouvrez la voie à un démantèlement de l’Irak déjà bien engagé avec l’autonomie de facto du Kurdistan irakien. Et vous risquez d’instaurer le chaos pour un siècle. […]

Deuxième acte : la hasardeuse expédition libyenne

« Libye : bienvenue dans un guêpier », écrivions-nous le 19 mars 2011 au moment du déclenchement de la campagne aérienne contre Kadhafi. Nous n’avions pas grand mérite : il suffisait de regarder l’histoire. Patchwork de tribus, la Libye a été constituée en 1951 en amalgamant la Tripolitaine, la Cyrénaïque et le Fezzan. Une construction bancale tenue d’une main de fer par un bouffon sanguinaire : Kadhafi. Mais un bouffon qui contrôlait ses frontières et, au final, faisait plutôt moins de morts que le chaos actuel. […]

Troisième acte : l’enlisement syrien

L’affaire était entendue dès la fin 2011 : la chute de Bachar el-Assad n’était plus qu’une question de semaines, tout au plus de mois. Quatre ans plus tard, il est toujours là grâce, notamment, à ses alliés iraniens et russes, mais aussi parce qu’une partie de la population redoute davantage Daesh que le régime. Affaibli donc, dans l’impossibilité de gagner la partie, mais toujours au pouvoir. […]

Mais les turbulences de l’Orient compliqué n’expliquent pas tout. Une bonne moitié des réfugiés qui cherchent à venir en Europe sont des migrants économiques victimes de politiques prédatrices. Beaucoup viennent d’Érythrée, de Somalie, mais aussi d’Afrique centrale, notamment du Nigeria, le géant du continent dont les richesses pétrolières sont très mal partagées. Le « miracle économique africain » que tout le monde espère ne se réalisera que si la bombe à retardement de la misère est désamorcée à temps.

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