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Réjane Sénac est chargée de recherche CNRS au Centre de recherches politiques de Sciences Po – CEVIPOF, elle enseigne à Sciences Po. Elle est également membre du comité de pilotage du programme de recherche et d’enseignement des savoirs sur le genre – PRESAGE et du conseil scientifique de l’Institut Émilie du Châtelet. Elle est aussi présidente de la commission parité du Haut conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes, instance consultative auprès du Premier ministre.

Réjane Sénac nous parle très clairement de son nouvel ouvrage: “L’égalité sous conditions: genre, parité, diversité“. Pour elle, si la République promet l’égalité à tous les citoyens, pourquoi les inégalités entre les femmes et les hommes, ou entre les Blancs et les “racialisés” (les non-Blancs) persistent-elles? À cette interrogation fondamentale, la politiste apporte une réponse aussi limpide que radicale: selon elle, ces inégalités se nichent de manière opérante (même si elle est implicite) au cœur même de notre histoire politique, sur un registre bio-politique. Et même au fronton des mairies. « La liberté, l’égalité et la fraternité ne concernent en réalité que les frères. »

“Sous couvert de recherche de l’égalité, on maintient certaines catégories de citoyens dans un statut de non-frère: les femmes et les non-Blancs ne sont pas inclus en tant que « pair-e-s » mais seulement comme modernisation de la « complémentarité » (d’abord parce qu’ils apportent une plus-value liée à leur-s différence-s).

Il y a encore des discriminations structurelles et systémiques (sexisme constituant, hétéro-sexisme et racisme). Si l’on veut tendre vers l’égalité, il faut déconstruire cette assignation à la singularité des femmes et à leur complémentarité. En période de crise, il y a un risque de recomposition de leur assignation à cette singularité et une perpétuation de leur secondarisation.

Avec l’égalité il y a un risque de bonne pratique rentable, de conditionnement d’accès pour les personnes issues de la diversité, pour les non-frère, de sur-performer la naturalisation de leur-s différence-s. Ils vont être là “en tant que” et souvent on cumule, on va faire de la résilience (en mettant des femmes de couleur-s dans les listes électorales) et là on ne déconstruit pas le racisme et le sexisme mais on l’intègre en faisant à la fois une reformulation de la méritocratie républicaine qui devient une république néo-libérale.”

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