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Extraits d’un article de Pierre DAUM intitulé ” Islam et relégation urbaine à Montpellier” sur le “vivre ensemble” dans le quartier de la Paillade où la population est très majoritairement musulmane.

Décrit tantôt comme une menace pour l’identité nationale, tantôt comme une idéologie guerrière, l’islam fait l’objet d’attaques incessantes dans les médias ou de la part de dirigeants politiques. Mais on aborde rarement cette religion dans sa pratique quotidienne : qu’est-ce qu’être musulman dans une société qui condamne les immigrés et leurs descendants à la ségrégation ? Exemple à Montpellier. […]

Les habitants de la Paillade, selon l’ancien nom que tout le monde continue d’utiliser, se retrouvent alors entre eux : quinze mille personnes, pour la plupart issues des immigrations postcoloniales. Et, parmi elles, une proportion importante de familles venues du sud du Maroc. En juin 2000, lors de l’inauguration de cette ligne de tramway, Georges Frêche, le maire de l’époque (décédé en 2010), avait lancé une plaisanterie qui avait fait beaucoup rire les élus municipaux : «Ici, c’est le tunnel le plus long du monde [il parlait du passage souterrain situé à l’extrémité de la place de la Comédie] : vous entrez en France et vous ressortez à Ouarzazate !» […]

Vers 13 h 30, alors qu’approche la salat al-joumoua, la prière collective du vendredi, de longues paillasses en plastique sont rapidement disposées à l’extérieur des quatre mosquées, au milieu de la zone piétonne. […]

« C’est vrai qu’il s’agit d’une occupation illégale de l’espace public et, en plus, pour l’exercice d’un culte, admet M. Frédéric Loiseau, directeur de cabinet du préfet de l’Hérault. Mais que voulez-vous que je fasse ? Que j’envoie une compagnie de CRS pour les dégager pendant qu’ils sont à genoux ? C’est impensable ! De toute façon, comme l’écrasante majorité des habitants du quartier est musulmane, on n’a pas de problème d’acceptabilité… » Et de conclure : « Notre principal souci, c’est le “vivre ensemble”. Donc, tant qu’on ne reçoit pas de plaintes des riverains… »

En guise de « vivre ensemble », à Montpellier, la vie religieuse musulmane reste circonscrite à un espace géographique strictement délimité, composé de quatre quartiers contigus : la Paillade, donc, ainsi que les quartiers voisins des Hauts de Massane (dix mille habitants), du Petit Bard et des Cévennes (six mille chacun). Dans ce vaste ensemble situé à la périphérie nord-ouest de la ville vivent donc quelque trente-sept mille personnes, qui représentent environ 15 % des Montpelliérains. […]

La ségrégation sociale, dénoncée lorsqu’il s’agit d’accès au logement ou au travail, semble finalement appréciée par beaucoup en ce qui concerne la pratique religieuse. Et le « vivre ensemble » qui préoccupe tant le directeur de cabinet du préfet correspond plutôt à un « vivre séparé » qui arrange tout le monde. « Vous imaginez, si on venait avec nos djellabas et nos tapis faire la prière place de la Comédie ? Les gens seraient épouvantés, ils se mettraient à hurler ! pouffe M. Mohamed Hallami. Tandis qu’ici, ils nous laissent faire ce qu’on veut… » […]

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