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On compte 45 000 églises en France, soit 1 église pour 255 catholiques. Le nombre de lieux pour pratiquer l’islam s’élève à 2 500, soit 1 pour 840 musulmans (3,3 fois moins). La plupart sont des salles de prière de taille modeste, aménagées dans d’anciens locaux commerciaux. Seuls 64 d’entre eux sont dotés de minaret.

Une telle transformation connaît plusieurs précédents historiques. Sainte-Sophie à Istanbul, mais surtout les 567 églises d’Algérie. Après le départ de 800 000 pieds-noirs en 1962, l’archevêque d’Alger demanda aux autorités algériennes de récupérer 400 églises dont son budget ne pouvait plus prendre en charge le maintien. Aujourd’hui, des millions d’Algériens prient dans d’anciennes églises.

Si on affinait le calcul en considérant le nombre de mètres carrés disponibles par fidèle, le déséquilibre entre catholiques et musulmans apparaîtrait encore plus prononcé. Le manque d’espace pour pratiquer la religion musulmane est connu des pouvoirs publics.

Tous les vendredis, et tous les soirs en période de ramadan, la plupart des 2 500 « mosquées » débordent, et les trottoirs alentour se retrouvent bloqués à la circulation par des centaines d’hommes en prière. […]

Peut-on parler de « libre exercice des cultes » lorsqu’on est obligé de prier dans la rue, faute de lieux adaptés ? D’autre part, le décalage chronologique dans la construction des édifices cultuels a produit une inégalité de fait entre catholiques et musulmans. Une loi promulguée en 1907 déclare que les églises construites avant 1905 (90 % d’entre elles le sont) sont propriété des communes, et les cathédrales de l’Etat, qui les laissent « à la disposition des fidèles pour la pratique de leur religion ». Leur entretien reste à la charge de leur propriétaire. Concrètement, cela signifie que lorsque des citoyens de confession catholique ont besoin de faire réparer la toiture de leur lieu de culte, ces réparations sont payées par l’ensemble des contribuables.

A l’inverse, lorsque des citoyens de confession musulmane ont besoin de faire réparer la toiture de leur lieu de culte, ces réparations sont à leur charge. Car tous leurs lieux de culte datent d’après 1905.

Depuis un siècle, le paysage religieux de la société française a considérablement changé. Le nombre de citoyens utilisateurs d’église comme lieu de culte a très fortement diminué, tandis que des vagues de migration successives ont durablement installé une nouvelle religion sur le sol de l’Hexagone, l’islam, provoquant un déséquilibre de plus en plus manifeste dans le traitement des citoyens par l’Etat.

Offrir l’usage d’églises inutilisées à l’exercice du culte musulman permettrait, sans modifier la loi, un juste rééquilibrage entre les deux plus grandes religions de France : en nombre de mètres carrés disponibles pour chacun dans l’exercice de sa foi et en argent public dépensé pour chaque culte.

Cette transformation ne rencontrerait aucun obstacle théologique. Côté catholique, de nombreuses églises sont déjà désacralisées. Côté musulman, n’importe quel local fait aujourd’hui l’affaire : ancienne épicerie, ancienne banque, voire ancienne usine de transformation du porc, comme la mosquée Avicenne de Montpellier. […]

Pierre Daum est l’auteur de plusieurs essais sur la colonisation. Il vient de publier Le Dernier Tabou : les « harkis » restés en Algérie après l’indépendance (Actes Sud, 535 p., 24,90 €).

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