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Jean-Pierre Denis, Directeur de la Rédaction de l’hebdomadaire catholique La Vie, réagit à la proposition de Dalil Boubakeur de transformer des églises en mosquées. S’il s’interroge sur les propos du recteur de la mosquée de Paris, il n’en condamne pas moins la pétition rédigée par l’écrivain Denis Tillinac dans Valeurs actuelles.

Mésestimer leur sentiment risque de pousser plus vite encore ces Français froissés mais pas forcément fachos dans les bras de la première Le Pen venue. L’Eglise devrait y songer plus attentivement.

Quand Dalil Boubakeur a suggéré que les églises désaffectées pourraient devenir des salles de prière islamique, je n’ai pas voulu réagir à chaud. A quoi bon alimenter la polémique ? Puis le recteur de la mosquée de Paris a dit qu’il n’avait pas dit ce qu’on lui avait fait dire.

Et j’ai été surpris, je l’avoue, par la manière dont les médias ont voulu gober le démenti. Car ces thèses figurent noir et blanc dans son livre tout juste paru, Lettre ouverte aux Français (éd. Kéro), p. 270-271. « On pourrait mettre les plus à la place des moins », écrit benoîtement l’ancien président du Conseil français du culte musulman. « C’est tout de même répondre à un besoin réel de locaux dignes et nécessaires à une pratique ouverte, apaisée et éducative des lieux de culte. Il y a urgence. »

Troublant, quand on sait que le docteur Boubakeur est une sorte d’homme politique juste-milieu, quintessence de cet « islam modéré » que chérissent nos autorités républicaines et ecclésiales.

On pourrait dire de ces propos qu’ils sont inconscients, inopportuns, inconvenants ou simplement inélégants vis à vis d’une Eglise qui, au long d’un demi-siècle d’immigration, n’a guère été prise en défaut dans sa volonté d’accueil. Ce n’est pas ainsi, pourtant, qu’a réagi l’évêque en charge du dialogue interreligieux.

Pour Michel Dubost, « il vaut mieux que des églises deviennent des mosquées plutôt que des restaurants ». J’ai la plus grande estime pour Mgr Dubost, mais il me semble qu’un responsable catholique doit justement refuser de s’enfermer dans une alternative aussi désespérante. Ou alors, on finira par considérer que Daech a raison de résumer la géopolitique mondiale à un conflit entre son soi-disant califat et l’Occident décadent. D’un point de vue catholique, une église vide a vocation à devenir une église pleine. Point final.

[…] L’appel, rédigé par l’écrivain Denis Tillinac est certes plus nostalgique que vindicatif. C’est sans doute ce qui a touché plusieurs estimables signataires. Mais ils ont eu tort. Sous ses airs tout aussi patelins, la campagne intitulée « touche pas à mon église » est de la même essence, allumettes comprises, que les déclarations de Boubakeur.

Elle nous précipite au mieux vers l’instrumentalisation politique (voyez, parmi les signataires, Nicolas Sarkozy), au pire vers la guerre de tous contre tous. Tenons-nous le plus loin possible.

[…]

Mais pour finir, je voudrais rappeler deux évidences.

D’abord, qu’à La Vie nous croyons plus que jamais aux vertus du dialogue. […]

Deuxième évidence : ce ne sont pas les ouvriers kabyles venus du bled qui ont chassé les fidèles de nos fraîches nefs villageoises. Insistons. La seule façon de « défendre nos églises », c’est d’en faire… des lieux de culte bien vivants. Sauf à tomber dans un néo-maurrassisme, le christianisme n’est pas un supplément d’âme, mi-national mi-muséal, ni une ligne Maginot contre je ne sais quelle invasion. Ultimement, la seule réponse à toutes ces polémiques, c’est le retour au Christ. Faute de quoi, la nostalgie ne sera que le dernier râle de l’apostasie. Et seul le diable rira.

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