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Son atelier d’ébénisterie d’art, sa médaille de meilleur ouvrier de France, son logement, sa vie en somme… David Grigny a tout laissé dans le combat qu’il mène contre ceux qu’il considère comme des fossoyeurs de l’artisanat d’art et du patrimoine français. Privé d’activité depuis 6 ans, il ne peut même plus se soigner.

David Grigny, 41 ans, a débuté à 14 ans. Il a des CAP de menuiserie, sculpture et ébénisterie et un BEP. Il a été compagnon du Tour de France et Meilleur ouvrier de France en restauration de meubles d’art. Il a reçu sa médaille des mains de Nicolas Sarkozy. Jusqu’en 2008, il avait son atelier à Lille.

Depuis 2002, une loi oblige les musées de France à ne travailler qu’avec des titulaires de diplômes délivrés par la Sorbonne, l’Institut national du patrimoine, les Beaux-Arts de Tours ou l’école d’art d’Avignon. Les artisans d’art, symboles de l’excellence mais issus de la filière professionnelle, sont écartés des chantiers au profit de gens issus de la filière universitaire.

David Grigny est ce qu’on appelle un artisan d’art, un maître dans son domaine : l’ébénisterie. Jusqu’à il y a quelques années, son quotidien était rempli de meubles inestimables, de bois précieux, de techniques de restauration virtuoses. Compagnon du Tour de France,il a décroché en 2008 la médaille de meilleur ouvrier de France (MOF) après avoir restauré le bureau du père de Louis XVI… Le genre de type qu’on voit parfois dans de longs reportages à la télé parler de leur travail, de l’Histoire de France qu’ils côtoient chaque jour, des chantiers prestigieux qu’ils ont menés. Une success story ? En fait, c’est tout l’inverse.

Depuis une loi, en 2002, qui l’éloigne des chantiers de restauration du patrimoine, c’est le cauchemar : il ne peut plus travailler. Médaille de MOF rendue, atelier en faillite, David Grigny n’a plus aucun revenu depuis 6 ans : les artisans n’ont pas droit au chômage. Le RSA ? Il le refuse. Par principe : du boulot, le MOF considère qu’il y en a. « En France il y a 37 000 églises, 2 400 musées, des châteaux… Il suffit de me laisser travailler. Quelques pièces par an suffisent à faire tourner une boutique. Si on me laissait travailler, je créerais de l’emploi ! Et si je touchais le RSA, il faudrait que j’accepte les propositions, même farfelues, du Pôle Emploi… » David refuse de brader son savoir-faire.

Du coup, sans revenus, il vit reclus chez sa mère. Qui dit pas de RSA, dit pas de couverture santé, même pas la CMU. Il y a un mois, David ressent des migraines puis sent une boule dans sa gorge. Le médecin de famille pressent une tumeur, « qui écrase ma jugulaire, d’où les maux de tête. » [….]

Quand je suis allé dans les ministères expliquer mon problème, je n’ai rencontré que du mépris, du cynisme et de l’arrogance… Alors que certains maîtres d’art ont un savoir-faire unique qui est menacé de disparition. »

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