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L’essayiste Pascal Bruckner revient sur l’attentat de Saint-Quentin-Fallavier. Il estime que L’islam radical a déclaré la guerre à l’Europe et plaide pour une évaluation lucide de la menace terroriste et appelle de ses vœux une action d’envergure de l’État.

À l’heure où nous parlons, des jeunes gens de toutes origines, de tous milieux se disent, sans doute: ce qui s’est passé dans l’Isère, c’est merveilleux. C’est mon tour. Dieu me convoque.

La décapitation d’Hervé Gourdel, selon vous, annonçait le même type de crimes sur notre territoire…

On a toujours raison d’être pessimiste dans ce genre de phénomènes puisqu’ils sont cumulatifs, s’inscrivent dans une logique de la surenchère. Les décapitations en Irak et en Syrie deviennent, c’est horrible à dire, un produit d’appel. Chacun veut faire «mieux» que son voisin. C’est le désir mimétique de l’horreur qui galvanise un certain nombre de candidats. Loin d’être révulsés par les atrocités, ils en éprouvent une véritable excitation.

Reste que cette décapitation est une «première» en France. Un cran supplémentaire dans la barbarie. Il n’y a pas de retour en arrière, une fois cette étape franchie. Chaque djihadiste en herbe, derrière son ordinateur ou dans son studio, se dit qu’il doit se mettre au même niveau. Un meurtre au couteau lui apparait comme dérisoire. Enfin, il ne faut pas oublier que ce mode d’exécution est celui que l’on emploie, en public, en Arabie saoudite. Pays qui est le berceau même de l’islam, pays où se trouve La Mecque et qui est le fer de lance du wahhabisme dont se réclament en France de nombreux imams. Pays enfin qui a financé, aux côtés du Qatar, l’État islamique même si la créature qu’ils ont enfantée se retourne contre eux. Les criminels s’y réfèrent sans complexe et habillent, pour les esprits faibles, de légitimité religieuse leur crime abominable.

Que vous inspire le profil du suspect ?

Thibault de Montbrial et d’autres experts nous avaient prévenus. Les services secrets redoutent les camions bourrés d’explosifs qu’on lance sur un bâtiment mais tout autant les attentats low-costs bricolés avec les moyens du bord. Il faut toujours avoir en tête le mot d’ordre de l’État islamique diffusé il y a un an quand notre armée s’est engagée dans la coalition: tuer les Français par n’importe quel moyen: couteau, pierre, fusil, automobile… […]

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Merci à Lilib

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