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Article de Maryline Baumard pour le supplément “Culture & idées” du Monde sur les bienfaits de l’ouverture des frontières.

Imaginez que tous les pays ouvrent en même temps leurs frontières et autorisent la libre circulation des individus sur leur territoire. Que se passerait-il dans l’immédiat ? Au bout de vingt-cinq ans ? Hier considérée comme une utopie, cette question est devenue un véritable objet d’étude. Et les scientifiques commencent à y apporter des réponses, qui n’ont pas grand-chose à voir avec les timides mesures prises face à la crise migratoire au sujet de laquelle l’Europe se déchire. Le sujet, pourtant, reste dans le secret des laboratoires. Il en sera ainsi tant que les gouvernants construiront leur ­politique dans ce domaine en se laissant guider par l’opinion publique plutôt que par les résultats scientifiques.

En attendant cet hypothétique virage, l’escalade continue. Depuis janvier, plus de 100 000 personnes sont arrivées sur les côtes grecques et italiennes, et plus de 1 500 sont mortes au cours de la traversée. […]

« On vit sur des idées fausses, affirme Catherine Wihtol de Wenden, politologue. L’opinion croit encore que les migrants vont prendre le travail des Français, que les immigrés coûtent cher. Ces mensonges ne sont jamais contredits par les politiques. Tétanisée par la montée de l’extrême droite, la classe politique ne veut pas ouvrir le débat. Pire, elle ajuste son discours et son action sur l’opinion publique, ce qui rend nos solutions aussi décalées qu’inadaptées. »

Tailleur bleu marine dans son bureau du 6e arrondissement, la papesse du sujet, Catherine Wihtol de Wenden, sourit doucement à l’idée qu’elle et ses collègues ­seraient d’affreux gauchistes.

« S’il est trop tôt pour donner une fourchette précise, nous observons que, dans tous les cas de figure, une ouverture globale des frontières ne conduirait pas à une explosion des arrivées en ­ Europe, affirme François Gemenne, chercheur en science politique à l’université de Liège (Cedem) et à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines (Cearc).

Pour Thomas Guénolé (Sciences Po) :”Tant que la gauche n’osera pas proposer une régulation intelligente et rationnelle de l’immigration économique en fonction de nos besoins, ce thème continuera à pousser l’électorat populaire dans les bras du FN.»
Guénolé a conscience de la difficulté à manier ce sujet  : «En politique, il faut toujours prendre en compte la pression de l’opinion. C’est la raison pour laquelle une ouverture totale des frontières conduirait inévitablement à réserver les allocations familiales, la couverture publique minimale de santé et l’école publique gratuite à la population française. » […]

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