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Le tribunal de première instance de Rabat s’apprête à rendre son jugement dans l’affaire des deux jeunes hommes interpelés près de la Tour Hassan, à Rabat, et accusés d’être homosexuels. Pour Ludovic Mohamed Zahed, fondateur de la première mosquée « inclusive » de France, homosexuel et musulman, l’homophobie est arrivée tardivement dans le monde arabo-musulman par la colonisation.

Qu’aimeriez-vous dire au juge qui va décider dans quelques jours du sort des deux jeunes hommes accusés d’être homosexuels ?

C’est compliqué, parce qu’il doit appliquer la loi, bien sûr, qui condamne l’homosexualité, mais il dispose d’une marge d’action. Il a donc la possibilité de faire preuve de clémence. Il faut se rendre compte que la condamnation des minorités sexuelles est le propre des régimes fascisants et totalitaires qui viennent juger de vos pratiques sexuelles jusque dans l’intimité.

Il est temps que les pays du monde arabo-musulman se défassent de ses lois héritées de la colonisation.

Pourquoi affirmez-vous que les lois qui condamnent aujourd’hui l’homosexualité dans le monde arabe sont héritées de la colonisation alors qu’elles sont au contraire généralement associées à l’islam ?

L’Andalousie musulmane, mais aussi dans le Maroc et l’Egypte actuels, des voyageurs des deux rives attestent de l’existence, au XVIII et XIXe siècles, de relations homo-érotiques et homosexuelles communément admises par la société. Ce sont des choses que Khaled El-Rouayheb, professeur assistant à Harvard, décrit bien dans « Before homosexuality », traduit en français pas « L’amour des garçons dans le monde arabo-islamique ».

C’est seulement avec la colonisation qu’est intervenue une véritable condamnation de l’homosexualité. Un pic symbolique a été atteint précisément en 1930 lorsque la publication des « Mille et une nuits » a été expurgée de toutes ses références à la sexualité des femmes et aux rapports sexuels entre hommes. C’est dans ce contexte puritain qu’est resté enfermé le monde arabe alors que l’occident a revu sa propre lecture.

E n dehors de cette référence historique, qu’est-ce qui vous permet de penser, au sein des textes religieux, que l’Islam ne condamne pas l’homosexualité ?

70 versets du Coran évoquent le peuple de Loth. Il est décrit comme composé de jeunes d’une grande violence qui violent des hommes, qui coupent les routes, comme des pirates. Quand vous interrogez un exégète classique des textes, il vous dira que le texte fait référence aux routes de la généalogie, car un homosexuel ne peut pas avoir d’enfant, alors qu’il s’agit visiblement des voies de passages coupées par des bandits. Dans ces versets, ce n’est pas tant la sodomie qui est blâmée que leur violence, y compris dans les rapports sexuels. […]

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