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Un groupe d’anarchistes tente de venir en aide aux migrants, installés dans un camp de fortune au jardin d’Eole, dans le 18e arrondissement de Paris. Problème : isolés, ils s’opposent régulièrement aux acteurs politiques et associatifs sur place au point d’être accusés d’avoir la main mise sur le camp de migrants. Ce dont ils se défendent.

Ils gravitent dans l’ombre du camp de migrants, installé depuis une semaine au jardin d’Eole, dans le 18e arrondissement de Paris. “Ils” ? Un groupe très hétérogène d’anarchistes qui ont fait leur apparition peu après l’expulsion des migrants de La Chapelle. Un groupe qui entretient des relations compliquées, voire tendues, avec les personnes extérieures au camp : les militants et responsables politiques – PCF et EELV notamment – mais aussi les associations et les forces de l’ordre. Et les journalistes, qu’ils qualifient à loisir de “charognards”.

“C’est vrai que c’est un peu compliqué de travailler avec eux, reconnaît Pascal Julien, élu vert de l’arrondissement. Ils ont leur propre idéologie anti-associative, anti-Etat… Ils sont très ‘anti’. Ils prônent l’autonomie des migrants de manière parfois excessive.”

(…) D’entrée, ils rejettent les accusations en bloc : “On ne met la main sur rien du tout”, râle Mathieu (1), un garçon frêle de tout juste 20 ans. “Vous avez vu des checkpoints en arrivant ?”, ironise Anthony, 24 ans.

À côté des deux garçons, Lucie, acquiesce. Plutôt qu’une anarchiste ou une autonome (souvent désignés comme des “totos”), la jeune fille de 18 ans se qualifie volontiers de “libertaire et féministe”. Anthony et Mathieu, eux, se reconnaissent globalement comme des anarchistes, même s’ils n’en donnent pas la même définition. Le groupe qui gravite autour du camp compte entre 20 et 40 individus. Certains se disent proche du NPA, d’autres encore d’Alternatives Libertaires.

Avec d’autres compères, des “camarades”, assis à la table, ils jurent agir par altruisme et solidarité : “On est là pour apporter notre soutien aux migrants et faire entendre leur voix”, assure Mathieu. “On n’est pas là pour faire du social, mais pour apprendre aux migrants à se débrouiller, à être autonomes”, ajoute-t-il. Leur investissement dans le camp vient d’une “convergence” ajoute-t-il : “Ils ont des galères, nous aussi. On s’entraide. Point”. Ils agissent sur le mode du “système D”, récupérant matelas et bâches aux quatre coins de la ville pour les partager ensuite avec les migrants.

(…) Leur opposition au parti communiste est farouche, presque viscérale. Une tradition dans la mouvance anarchiste. Ils accusent le parti de faire de la récupération politicienne sur le sujet, sans proposer de solutions pérennes et durables. “En même temps, des évènements médiatiques sur lesquels ils peuvent surfer, il n’y en a plus beaucoup”, grince Anthony. Ils reprochent par ailleurs aux élus communistes de participer aux manifestations de soutien ceints de leur écharpe tricolore ou en exhibant “leur carte d’élu pour ne pas se faire taper par les keufs”. “Dans une lutte, on est tous au même niveau, y’a pas d’élus et des gens lambda”, tonne Anthony.

(…) Si les deux camps, politique et anarchiste, s’accusent mutuellement de récupération, ils sont au moins d’accord sur un point : l’absence de solutions pérennes. Et Pascal Julien de cibler le gouvernement de Manuel Valls “qui n’assume pas ses valeurs et transforme les migrants en enjeux électoralistes.”

Metronews

Merci à Yann

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