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Un mur du pub “Aux armes du maçon”, dans le quartier de High Town à Luton, est couvert de billets venant du monde entier : “Des souvenirs”, explique la propriétaire, de nos clients dont les familles vivent à l’étranger. Plus bas dans la rue on trouve un boucher Afro-antillais, une pharmacie traditionnelle chinoise, un coiffeur polonais et un restaurant suédois. Comme les billets étrangers sur le mur du pub, ces boutiques sont neuves. Il ya quinze ans, les ethnies vivaient séparées à Luton: pakistanais et bengalis vivaient à Bury Parc; et les blancs à High Town. Désormais, la séparation est moins nette.

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La Grande-Bretagne est de moins en moins radicalement divisée. Le recensement de 2011 montre que les minorités ethniques quittent des grandes villes, et que les petites villes et les banlieues deviennent moins blanches. En plus de Londres, la capitale hyper-diversifiée, il y’a désormais trois «villes plurielles” : Luton, Leicester et Slough, où aucun groupe ethnique ne représente plus de la moitié de la population. Une analyse du recensement de 2011 par les chercheurs Stephen Jivraj et Ludi Simpson de l’Université de Manchester montre qu’à travers le pays, les groupes ethniques commencent à se mélanger plus uniformément. Les chercheurs, qui ont créé un indice pour mesurer le taux de représentation locale de chacun des 13 principaux groupes ethniques enregistrés dans le recensement, ont constaté, -à une exception près- , que de 2001 à 2011, les 407 districts d’Angleterre, d’Ecosse et du Pays de Galles étaient devenus plus “ethniquement diversifiés”. Une des explications de ce phénomène est que Londres, qui fut la principale zone de concentration des nouveaux immigrants, est devenue inabordable. Historiquement, les migrants se regroupaient dans certains arrondissements, comme Croydon, Southwark et Newham quand les prix de l’immobilier étaient encore abordables. Mais maintenant, même les zones les plus excentrées de Londres sont hors de prix. En 1995, une maison à Newham coûtait 17% de plus que la moyenne nationale; en 2015 on est passé à un écart de 33%.
Une autre cause de l’homogénéisation du mélange éthique s’explique par le fait que les britanniques non-blancs se sont dispersés dans le pays. Les Noirs d’origine africaine (par opposition aux antillais) sont ceux qui se sont le plus dispersés. Ils ont quitté Londres pour les villes de banlieue bien connectées comme : Milton Keynes et Salford. Les chinois, qui étaient déjà largement dispersés sur le territoire, sont ceux qui ont le moins bougé. (un afflux d’étudiants en provenance de Chine s’est concentré dans les villes universitaires, ce qui fait que le taux de ségrégation a légèrement augmenté chez les britanniques d’origine chinoise).
En outre, de nouveaux groupes ethniques apparaissent qui font évoluer jusqu’à rendre obsolètes les catégories du recensement. Ceux qui déclarent leur ethnicité comme : «autre» ont doublé entre 2001 et 2011, en partie en raison d’une immigration provenant d’un éventail plus large d’origines. Sans oublier la population métisse, qui est passée de 661 000 à 1,2 million. Des métis britanniques qui sont mieux intégrés que les autres non-Blancs: Alors que les indo-pakistanais, par exemple, restent concentrés dans les grandes villes comme Manchester, les métis de blancs et d’indo-pakistanais, dont les parents sont souvent plus riche, sont mieux répartis dans les banlieues.
Si les tendances actuelles se confirment, M. Simpson et M. Jivraj pensent que, d’ici 2031, 48 districts seront «pluriels» sans qu’aucun groupe éthique ne soit majoritaire (voir graphique). Dans la moitié d’entre eux, les blancs seront les plus nombreux. Dans les 20 restants, en particulier à Londres, ceux qui se déclarent «autres» constitueront la plus importante communauté.
Cette dispersion ethnique a fait apparaitre de nouveaux faciès dans des “zones endormies”, peuplées principalement à de blancs. Lors des élections générales du mois dernier, le parti anti-immigration “UK Independence Party” (UKIP) a réalisé ses meilleurs scores dans les villes et communes balnéaires des Midlands, dont les populations immigrées sont plus récentes qu’abondantes. A Clacton, la seule circonscription qui a élu un député UKIP, seulement 4% de la population est née à l’étranger, comparativement à une moyenne nationale de 13%.
Alors que dans dans les circonscriptions comme Luton, où différents groupes ethniques cohabitent depuis un certain temps, l’immigration semble mieux acceptée. D’après les résidents, la Ligue de Défense Anglaise (EDL), – un groupuscule violent d’extrême droite pourtant né à Luton – , est désormais largement discréditée. Le mois dernier, l’UKIP n’a rassemblé que 12% des voix dans la ville. Cette Grande-Bretagne qui continue sa “pluralisation” ethnique, semble devenir aussi plus tolérante.
The Economist

(Merci à Robert pour la traduction)

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