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La justice a ordonné vendredi 28 mai l’expulsion immédiate des squatteurs qui occupent la maison de Marie-Yvonne, une octogénaire rennaise, rejetant la demande de délai réclamée par leur avocate. Marion vit dans un squat depuis près de deux ans parce qu’elle n’a pas de quoi se payer un loyer. Témoignage.
J’ai 30 ans, je travaille 35 heures par semaine et je n’ai pas d’autre choix que de vivre dans un squat en banlieue parisienne.
Certains estiment qu’il n’est pas normal que je vive gratuitement dans un logement qui n’est pas le mien. J’estime qu’il n’est pas normal que des gens dorment dehors alors que des logements salubres restent inoccupés pendant des mois. Question de point de vue.
Je n’ai jamais rêvé d’être une squatteuse, ni de vivre grâce aux aides sociales. Tous les jours, je me bats pour que mon CDD d’ouvrière se transforme en CDI et que je puisse enfin me loger en région parisienne. J’ai grandi à Lyon, où j’ai commencé à travailler comme ouvrière dès mes 16 ans. Rester à l’école quand on a besoin d’argent est parfois impossible.

En 2011, alors que je vivais encore chez mes parents, j’ai décidé de partir loin des fachos de Lyon qui pourrissaient mon quotidien.

Quand je suis arrivée à Paris, j’ai tout de suite trouvé du travail dans ma branche. Je faisais des missions et comme la loi le prévoit, j’étais logée par mon employeur dans des hôtels proches des sites.
En août 2013, je me suis donc installée dans 9 mètres carrés d’un foyer de jeune travailleur appartenant à l’office HLM de Saint-Ouen géré par une association proche de la mairie, pour 340 euros par mois. Entre temps, j’avais perdu mon emploi. Comme j’ai mis beaucoup de temps à toucher mon chômage, je galérais à joindre les bouts. C’est à peine si j’avais de quoi payer mon loyer, déjà peu élevé.
La mairie, de gauche, en place à l’époque avait pour projet de construire un autre bâtiment et de nous déloger pour récupérer l’espace du foyer. Cette nouvelle a chamboulé le foyer. Rapidement, la situation s’est dégradée. La majorité d’entre nous avaient arrêté de payer un loyer en signe de révolte à notre expulsion future. C’est à ce moment-là que c’est devenu un squat et que je suis devenue une squatteuse malgré moi.
L’association qui gérait le HLM a alors totalement perdu le contrôle. Nous sommes devenus nombreux à ne plus payer de loyer. Les agents de l’association n’étaient plus payés et de l’autre côté, de plus en plus de monde venait s’installer.
[…] Je suis d’ailleurs la seule femme blanche et autonome dans tout le foyer. Ca me protège car j’ai plus de valeur aux yeux de la société que mes voisins. La plupart des gens sont des immigrés. Des femmes sont parfois séquestrées ou battues mais nous sommes solidaires, nous nous défendons les unes les autres et sommes soutenues par la plupart de nos voisins. […] Nouvel Obs

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