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Une mère marseillaise témoigne du “cauchemar éveillé” que vivent les parents d’enfants radicalisés.

“J’ai perdu ma fille”. C’est ce que Corinne (1) dit aux gens, pour couper court aux questions, “ne pas avoir à affronter les regards, les silences, les incompréhensions”. Agnès, sa “grande” de 23 ans, n’est pas morte. Pourtant, c’est bien un deuil, “le deuil de mon ancien enfant”, que traverse cette maman marseillaise. Agnès, qui exige désormais qu’on l’appelle Norah, est partie en janvier dernier rejoindre les combattants de l’État islamique en Syrie. Endoctrinée en cinq mois. Quasiment du jour au lendemain, cette jeune femme indépendante, équilibrée, insouciante, qui travaillait comme assistante psychologique dans une maison de retraite d’Arles, a basculé dans un autre monde. Inconcevable. Inaccessible. D’où elle apparaît quelquefois, irréelle, “voilée de la tête aux pieds comme un ninja, exaltée comme si elle était droguée”, lors des rares contacts sur Skype qu’elle a eus avec sa mère. Corinne assistera au colloque des anti-sectes qui se tient aujourd’hui à Marseille. Sans prendre la parole. “Je ne m’en sens pas encore capable”, explique cette mère désemparée qui, comme tous les parents de ces jeunes radicalisés, a vu sa vie “emportée dans une tornade”. Voici son récit.[…]

«Agnès n’est pas une paumée. C’est une jolie blonde, indépendante qui adorait le ski»

Depuis, ma vie est suspendue au téléphone, à internet, aux journaux télévisés, aux infos sur l’État islamique. J’ai subi je ne sais combien d’interrogatoires, à la police judiciaire, la DGSI, la DGSE. Je sais que je suis sur écoute. C’est normal. Le soir même du coup de fil, je suis allée signaler le départ de ma fille au commissariat de Noailles (à Marseille). D’abord, les policiers ne m’ont pas crue ! Ils me prenaient pour une folle. Puis ils m’ont dit que ma fille étant majeure, elle avait bien le droit de partir où elle voulait… Cela ne me rassure pas sur les moyens affectés à l’antiterrorisme… […]

(1) Les prénoms ont été changés

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