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Les Indigènes de la République réunissaient leurs sympathisants vendredi 8 mai à Saint-Denis, pour célébrer le dixième anniversaire de l’organisation « décoloniale ». La grande salle de la bourse du travail déborde, grâce à la présence exceptionnelle d’Angela Davis, figure du mouvement américain des droits civiques, venue en amie.

Entrée sous l’ovation de la salle, elle tient un discours de (re)mobilisation, exhortant les militants français à « demander l’impossible ». Avec un diagnostic en forme de vécu personnel :

« J’ai grandi dans un des États les plus ségrégés des États-Unis. Je suis allée dans le nord en pensant trouver la liberté. J’y ai découvert des formes plus raffinées de racisme. Alors, je suis parti en France, pays des droits de l’Homme, ou j’espérais trouver la liberté. J’y ai trouvé le racisme lié au colonialisme. »

Elle revient également sur les révoltes de Baltimore et appelle à « l’abolition du système carcéro-industriel et à la démilitarisation de la police » aux États-Unis.

« Lutte des races sociales »

Il y a dix ans, naissaient donc les Indigènes de la République, en réaction au vote d’une loi prescrivant dans les programmes scolaires l’enseignement du « caractère positif » de la colonisation. L’appel était lancé un 8 mai, « jour de deuil, où la France commettait il y a 70 ans un massacre de masse » à Sétif, en Algérie, introduit Houria Bouteldja porte-parole du Parti des indigènes de la République (Pir). Il intervenait un an après la loi interdisant les signes religieux à l’école et trois semaines après l’incendie de l’« hôtel » insalubre d’Opéra, à Paris, dans lequel 24 personnes trouvaient la mort.

Les Indigènes de la République voulaient mobiliser les Noirs et les Arabes de France,« victimes d’un racisme social », pour les inviter à sortir d’un « antiracisme morale » et prendre enfin leur place, jusqu’alors limitée à une présence cosmétique, dans le champ politique.

« Je suis revenue de la grande illusion républicaine de l’intégration », se souvient ainsi Louisa Yousfi, militante au Pir :

« J’ai osé arracher la parole au monopole des blancs qui ont trop longtemps parlé à ma place. Quand je dis “j’existe“, il ne s’agit pas d’une affirmation identitaire, mais d’une revendication collective : mon père, ma mère, mes frères et sœurs, tous ceux qui sont unis par une condition commune, un adversaire commun – le pouvoir blanc – et une lutte commune – la lutte décoloniale -. Tous ceux là existent. »

(…)
Elle (Houria Bouteldja) fait une brève mention du « philosémitisme d’État », que le Pir dénonçait lors de la manifestation antiraciste du 21 mars, ce qui lui a valu un désaveu musclé du Mrap, que le Pir ne comptait pourtant pas parmi ses (nombreux) ennemis.
(…)

Le Pir se sent à sa place à la marge du « champ politique blanc », dont tous les partis« sont à un degré ou à un autre eurocentriques et pensent à travers les intérêts des classes moyennes blanches ou de prolétariat blanc. Il participent tous – même involontairement – de l’exclusion politique des postcolonisés et des habitants des quartiers ». Houria Bouteldja se dit d’ailleurs « fière d’avoir survécu sans jamais avoir fait allégeance à la gauche politique française. Ni même à la gauche radicale », alliée du Pir sur de nombreux terrains de lutte. « C’est avec eux et contre eux que nous nous battons », lance-t-elle.

 
Source
Merci à Rick Grimes

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