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La cherté des marchés actions et les rendements obligataires bas, voire négatifs, poussent les investisseurs vers des solutions alternatives. Dans ce contexte, les hedge funds ont bien commencé l’année.

L’industrie des hedge funds ne s’est jamais aussi bien portée depuis la crise de 2008. Selon Hedge Fund Research®, 2014 a vu le plus grand flux de capitaux investis dans des hedge funds depuis 2007, soit 76,4 milliards de dollars, portant à un niveau record de 2,85 trillions de dollars leurs actifs globaux. Le baromètre de la performance de l’industrie, l’indice HFRI Fund Weighted Composite Index®, s’est apprécié de 3,3% en 2014 (une performance en dessous des attentes).

Cette santé s’explique par un faisceau d’éléments favorables: la forte volatilité, particulièrement en fin d’année, la chute des cours du pétrole, la faiblesse de certaines monnaies, comme le rouble. La croissance des actifs gérés dans les hedge funds ne provient pas des performances, mais de l’anticipation de bonnes performances dans les hedge funds et du manque d’intérêt pour les autres actifs. Les rendements sont en effet négatifs dans les obligations et les actions sont chères.

Les deux premiers mois de l’année 2015 ont confirmé cette tendance, avec une croissance moyenne de 1,66%.

Autant dire qu’elle semble déjà loin la tourmente provoquée par la perte spectaculaire de 830 millions de dollars enregistrée le 15 janvier dernier par le hedge fonds Everest Capital’s Global. La décision de la BNS d’abandonner lle taux plancher contre l’euro avait en effet conduit Marko Dimitrijevic, le CEO de BCM, à mettre la clé sous la porte en Suisse. Si on exclut ce cas d’école, cet événement, peu anticipé par la plupart des hedge funds, a été un «major non event» pour la grande majorité d’entre eux. Et ce, qu’ils soient suisses ou filiales de fonds étrangers, selon un gérant d’une banque genevoise.

Du côté des perdants, notamment le fonds macro (3 milliards de dollars) du gérant new-yorkais Fortress, ou encore le fonds alternatif de Michael Platt BlueCrest Capital Management (15 milliards de dollars), les pertes vont de -5 à -8%. Du côté des gagnants, des gains substantiels, de 1,88% pour le plus gros hedge fund européen, Brevan Howard Asset Management (27 milliards de dollars), à 10% pour le Leda Braga’s Systematica fund, une émanation de BlueCrest gérée par la seule femme à la tête d’un fonds de cette taille dans l’industrie (7,7 milliards de dollars).

In fine, le 15 janvier a été une occasion rare pour les gérants; il n’a pénalisé que ceux qui avaient une trop forte position spéculative en devises. «Malgré une performance négative le jour de l’annonce par la BNS, les stratégies macro ont fini le mois en hausse de près de 2%», commente Cédric Kohler, responsable du Conseil chez Fundana, un investment advisor suisse qui conseille 1,2 milliard de francs. «Si un autre 15 janvier devait arriver, cela générerait de nouveau d’excellentes opportunités pour certaines stratégies hedge funds», conclut l’expert.

Et ce n’est pas fini, prévoient aussi bien Credit Suisse que Deutsche Bank dans leurs études annuelles sur les perspectives de la gestion alternative pour 2015. La banque suisse table sur une croissance de 14,4% en 2015, contre 12% en 2014, à mettre en perspective avec les taux attendus entre 1,0% et 6,1% sur les marchés d’actions. La banque allemande prédit, elle, une croissance de 7%, qui ferait passer au-dessus de 3 trillions de dollars les actifs gérés par des hedge funds.

A l’heure où les rendements obligataires liés à des taux d’intérêt bas, sinon négatifs, sont médiocres, de plus en plus d’investisseurs se tournent vers ces fonds, attirés par une performance de 3% en moyenne en 2014, alors qu’elle a été de 22% pour les cinq meilleurs fonds. Près de 40% des investisseurs institutionnels – qui représentent entre 3% et 10% des flux aujourd’hui – prévoient d’augmenter leur investissement dans des hedge funds en 2015 selon la Deutsche Bank.

Les gagnants pour 2015 selon les experts seront les hedge funds qui optent pour des stratégies macro (basées sur une vision macroéconomique) et les CTA (commodity trading advisor), qui suivent des stratégies quantitatives systématiques exploitant la tendance des marchés. Le tout sur fond de concentration accrue des actifs entre les hedge funds qui gèrent plus de 5 milliards de dollars, soit moins de 200 acteurs qui représentent plus de deux tiers de l’industrie.

LE TEMPS

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