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[…] «C’est un problème qu’ils doivent résoudre, ce n’est pas à nous de donner es conseils», a déclaré le 20 avril 2015 le ministre australien de l’Immigration, Peter Dutton. Mais «nous avons appris que refouler les bateaux lorsque cela ne pose pas de problème de sécurité, cela marche», a-t-il ajouté.
 
Peu après son arrivée au pouvoir en septembre 2013, le gouvernement conservateur a lancé avec l’aide de l’armée l’opération «Frontières souveraines» pour décourager les réfugiés d’arriver par la mer.

La campagne de communication du gouvernement, intitulée «Impossible : vous ne pouvez pas faire de l’Australie votre pays», a été très controversée.
La politique est double. Les bâtiments de la marine australienne interceptent les bateaux transportant des migrants, souvent d’origine syrienne, irakienne, iranienne, somalienne et sri-lankaise. Ils les renvoient vers leur point de transit, souvent l’Indonésie. Les demandeurs d’asile qui arrivent par bateau en Australie sont également placés dans des camps de rétention sur l’île de Manus, en Papouasie-Nouvelle-Guinée, ou sur l’île de Nauru, dans l’océan Pacifique.

Même si leur demande d’asile est considérée comme légitime après instruction de leur dossier, Canberra ne les autorise pas à s’installer en Australie. La seule option qui s’offre à eux est le retour dans leur pays, la vie dans les camps de rétention dans les îles ou au Cambodge, pays pauvre avec lequel l’Australie a conclu un accord. En échange, cette dernière versera à Phnom Penh près de 40 millions de dollars australien (28,7 millions d’euros).
           
Selon Peter Dutton, aucun migrant n’est mort en mer en près de 18 mois alors que 1200 réfugiés avaient péri sous le règne du précédent gouvernement travailliste. Les arrivées de migrants étaient alors quotidiennes. En 2013, près de 20.000 clandestins, arrivés par bateau, avaient demandé l’asile en Australie.

Les défenseurs des droits de l’Homme rétorquent que le gouvernement s’est simplement déchargé sur d’autres du fardeau de sa responsabilité. «Le gouvernement crie victoire. Pour autant, le fait que les bateaux n’arrivent plus ne signifie pas la fin» du phénomène, estime Jane McAdam, spécialiste du droit des réfugiés à l’Université de Nouvelle-Galles du Sud.

«C’est simplement que le problème est devenu celui d’autres pays. Les bateaux continueront de partir tant que les problèmes à l’origine du départ des réfugiés n’auront pas été réglés».
           
Pour Jane McAdam, le modèle australien ne peut s’appliquer à l’UE.«L’Australie n’appartient pas à un système régional des droits de l’Homme, certains aspects de sa politique seraient jugés illégaux à l’aune de la Convention européenne des droits de l’Homme», dit-elle. De fait, les Nations Unies ont condamné Canberra, accusée de manquer à ses obligations de signataire de la Convention sur les réfugiés de 1951. Laquelle stipule que les migrants ont le droit de demander l’asile.

Les camps de rétention sont également mis en cause pour être le théâtre de nombreux abus, comme le montrent des témoignages publiés par The Guardian.

Les défenseurs des droits de l’Homme critiquent aussi le fait que des enfants soient privés de liberté. Selon la directrice de Human Rights Watch Australia, Elaine Pearson, il serait désastreux que l’UE se mette aussi à la gestion «offshore» des réfugiés. La politique australienne «est impraticable. Elle est cruelle, inhumaine, elle enferme les gens dans de piètres conditions d’isolement. Peut-être réussit-elle à déverser le problème sur d’autres pays mais elle ne change rien au fait que les gens fuient la persécution et doivent aller quelque part», ajoute-t-elle.
 
Canberra se refuse à dévoiler le nombre de bateaux refoulés vers la haute mer, invoquant des impératifs de sécurité opérationnelle.
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